BTS et DUT, deux voies pour vite embrasser une profession Le Monde.fr | 19.02.2015

Concrets et professionnels, les brevets de technicien supérieur (BTS) et les diplômes universitaires de technologie (DUT) ont la cote auprès des candidats et de leurs familles. « Au bout de deux ans, l’étudiant peut travailler et être indépendant. C’est un facteur qui rassure les parents car réaliser de longues études ne garantit plus l’accès à emploi », observe Majdi Khoudeir, directeur de l’institut universitaire de technologie (IUT) de Poitiers. Pour choisir son orientation, Kristina Vujic admet avoir opté pour la sécurité : « Après mon baccalauréat, je n’étais pas certaine de mon projet. Une filière courte et professionnelle me convenait mieux. C’était plus rassurant », se souvient l’étudiante en deuxième année de BTS en management des unités commerciales au lycée Choiseul de Tours. Selon le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, 88 % des diplômés de DUT en 2010 qui n’ont pas continué leurs études ont trouvé un travail. A la même date, c’était le cas des deux tiers des étudiants reçus en BTS sept mois après leur formation, d’après l’Insee.

Filières courtes d’une durée de deux ans, BTS et DUT ont la même mission : former des professionnels aptes à intégrer le monde du travail. En BTS, les étudiants doivent réaliser entre deux et quatre mois de stage obligatoire. Les DUT exigent au moins dix semaines d’immersion en entreprise. Pour les lycéens désireux de mettre davantage leurs cours en pratique, l’offre d’alternance est très développée. L’étudiant partagera alors son temps entre des périodes de cours et de travail sur le terrain, auprès de son employeur.
Encadrement en BTS, autonomie en DUT

Si les ambitions de ces diplômes sont similaires, leurs caractéristiques les différencient. Les BTS sont dispensés par des lycées dans des classes d’une trentaine d’élèves dont l’assiduité en cours est contrôlée. Proposés par des IUT, les DUT ont des promotions plus importantes. L’autonomie est indispensable. « Pour un lycéen en difficulté, il est préférable de choisir un BTS. Le cadre du lycée est moins dépaysant », conseille Nadine Barbé, proviseure adjointe du lycée Choiseul de Tours.

Les modalités de validation de diplôme différent aussi. Un examen en fin de deuxième année et un contrôle au cours de la formation attestent de la réussite en BTS. Pour les DUT, il n’existe pas d’examen final. Le contrôle continu détermine l’obtention du diplôme. Le taux de réussite culmine à 81 % en DUT, tandis qu’il plafonne à 69 % en BTS pour les étudiants inscrits en 2008, d’après des données nationales.

Les deux formations n’ont pas non plus les mêmes profils d’étudiants. Les BTS recrutent 45 % de titulaires de bacs technologiques et 33 % de bacheliers issus de lycées professionnels, contre 22 % de terminales des filières générales, selon une enquête publiée en 2012 par le ministère de l’enseignement supérieur. Les bacheliers professionnels et technologiques représentent donc la majorité des effectifs des BTS car les enseignements sont très spécialisés.
Famille d’emplois ou métier précis

Les candidats admis en DUT, eux, viennent pour les deux tiers des filières générales tandis que près d’un tiers sont titulaires de bacs technologiques. Rares sont ceux issus d’un lycée professionnel. Moins spécialisés et plus théoriques, les DUT permettent d’accéder à une famille d’emplois, alors que les BTS forment plus souvent à un métier précis.

Les détenteurs d’un DUT sont plus enclins à poursuivre leurs études une fois diplômés : 67 % d’entre eux l’ont fait en 2010, contre 35 % seulement des titulaires d’un BTS.

« Un diplôme bac +3 est devenu incontournable, estime Catherine Bardon, professeur en BTS transport et prestations logistiques au lycée Colbert de Lyon. C’est aussi un moyen pour les étudiants de reculer leur entrée dans le monde du travail dans l’espoir que la conjoncture s’améliore. » Les diplômés de BTS et de DUT s’orientent en licence générale ou professionnelle, voire en bachelor. Certains poursuivent à l’université jusqu’en master, tandis que d’autres profitent des admissions parallèles pour intégrer une grande école. Sur l’ensemble des admis dans une grande école d’ingénieurs ou de commerce, 11 % avaient fait un DUT et 6 % un BTS, d’après le rapport de la conférence des grandes écoles publié en 2012.

Etudiante en deuxième année de DUT techniques de commercialisation à l’IUT d’Aix-Marseille, Coraline Petit souhaite poursuivre ensuite ses études en licence et en master, voire intégrer une grande école, « pour prétendre à un meilleur emploi et me démarquer sur le marché du travail ». Un raisonnement de plus en plus fréquent parmi les étudiants de filières courtes, pour lesquels le BTS ou le DUT est une première marche ou un filet de sécurité.

Sophie Guignon

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