Les six commandements pour tirer profit de son stage

Comment faire qu’un stage soit fructueux ? Comment éviter le stage « j’apporte le café » et le stage « je remplace le dernier salarié licencié », l’écueil du pur occupationnel comme celui du substitut bon marché à l’emploi ?

Dans le livre Le stage, formation ou exploitation ? (Presses universitaires de Rennes, 2013), Béatrice Barbusse et Dominique Glaymann, maîtres de conférences en sociologie à l’université Paris-Est Créteil, posent six conditions à la réussite de cette étape désormais incontournable des parcours de formation, condition d’obtention de la plupart des diplômes.

Un contenu de travail ni trop réduit ni trop substantiel

Il doit permettre au stagiaire de vivre une vraie situation de travail, avec des objectifs, des délais, des exigences ; d’exercer une responsabilité réelle incluant une part d’autonomie et de créativité. Les succès et échecs sont donc vécus comme des expériences dont le stagiaire peut tirer des leçons quant à ses compétences et lacunes. Mais les obligations et échéances ne peuvent être celles imposées à un salarié. Le stage demeure un dispositif de formation qui suppose du temps pour faire et pour réfléchir à ce que l’on fait, et un tutorat plus étroit que l’encadrement d’un salarié.

Des tâches en rapport avec la formation et le projet professionnel

Les missions confiées au stagiaire doivent avoir une certaine proximité avec la formation qu’il suit, pratique et théorie ne s’enrichissant qu’en étant logiquement articulées. Cette proximité, variable selon les filières et niveaux de formation, est aussi une condition pour que l’organisation qui accueille le stagiaire puisse lui confier des tâches qu’il est apte à réaliser, et qu’elle y trouve son compte. Une même formation initiale permet tout de même au stagiaire d’accéder à une grande diversité d’emplois : l’objectif est de lui permettre de peaufiner son projet professionnel en expérimentant des situations de travail, ce qui l’aide à cerner ce qui lui plaît et déplaît.

Un vrai tutorat

Le stagiaire doit être encadré, guidé par un maître de stage de qualité, formé pour jouer ce rôle, et qui a le temps et les moyens de le faire. Le tuteur s’entretient régulièrement avec son stagiaire, fixe des objectifs intermédiaires qui ne sont pas uniquement des tâches à accomplir mais aussi des compétences à acquérir. Car un stagiaire n’apprend pas seul, même à partir de ses expériences.

Un large accès à l’information

Pour comprendre ce qu’il fait et observe, avoir le recul critique lui permettant de rédiger son rapport final, le stagiaire doit pouvoir porter un regard large sur l’établissement qui l’accueille. Il a besoin de contacts avec une diversité d’acteurs professionnels et pas seulement avec son tuteur ou ses seuls interlocuteurs quotidiens.

Un encadrement pédagogique par l’établissement formateur

L’apprentissage ne naît pas spontanément, il faut un encadrement pédagogique actif pour que le lien entre apprentissages académiques et expérimentaux se construise. Cet encadrement pédagogique est nécessaire avant le stage (il faut se demander quels sont ses objectifs), mais aussi pendant (réponses aux questions du stagiaire, aide s’il éprouve des difficultés, pilotage du rapport de stage) et après (évaluation des acquis et organisation de l’exploitation des apprentissages).

Une posture d’observation et d’apprentissage

Le stagiaire doit résister aux pressions du quotidien qui le poussent à agir comme s’il était un salarié. Il doit être conscient qu’il demeure un étudiant ayant beaucoup à apprendre, qui doit non seulement faire mais aussi observer et réfléchir, que son travail de stagiaire ne se résume pas aux tâches confiées par l’entreprise.

« Ces six conditions sont exigeantes, elles sont coûteuses en efforts et en temps, et financièrement onéreuses, pour tous les acteurs des stages, établissements d’enseignement supérieur comme organisations accueillant les stagiaires » , concluent les deux sociologues.

Pascale Krémer
Journaliste au Monde

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