BTS-DUT : les filières courtes ont la cote

LEMONDE pour Le Monde.fr | 11.02.11 | 11h26

Plus de 16 % des étudiants français, soit près de 380000, sont inscrits en BTS (brevet de technicien supérieur), DUT (diplôme universitaire de technologie) ou licence professionnelle. En 30 ans, les effectifs des IUT (institut universitaire de technologie) ont plus que doublé, passant de 53 000 en 1980 à plus de 117 000 aujourd’hui. "Nous recevons 25 000 candidatures par an, pour 2 000 places en première année. Les demandes ont augmenté de 15 % en 3 ans", témoigne Jean-François Mazoin, directeur de l’IUT Paul-Sabatier à Toulouse 3 et président de l’Association des directeurs d’IUT. La raison de ce succès grandissant? La garantie d’un diplôme à bac+2 avec un emploi à la clé. De quoi rassurer les familles et ouvrir les portes du supérieur à ceux qui ne comptent pas aller jusqu’à bac+5.

QUELS PROFILS ?

En BTS, si les bacs STI et STG constituent les deux tiers des recrues, la part des bacs pros est en progression alors que les bacs généraux sont minoritaires. Schéma inverse en DUT, où les bacs généraux, S et ES en tête, occupent les deux tiers des places offertes.

Pour rendre aux IUT leur vocation initiale d’accueil des bacs technos, le ministère de l’Enseignement supérieur propose depuis deux ans une dotation financière aux établissements recrutant plus de 30 % de bacs technos. Cinq millions d’euros ont ainsi été distribués à la rentrée 2009. Le rôle d’ascenseur social des diplômes à bac+2 devrait ainsi redémarre. C’est en effet dans les filières courtes qu’on retrouve la plus forte proportion d’étudiants issus des classes sociales moins aisées. Ainsi, 53 % des étudiants de BTS sont enfants d’employés, d’ouvriers ou d’artisans (contre 24 % seulement dans les classes prépas). Et on dénombre 39 % de boursiers en DUT. Outre la durée limitée des études, la possibilité d’opter pour l’alternance et la proximité géographique des établissements expliquent également ce plébliscite.

QUELS DIPLÔMES ?

En BTS comme en DUT, les formations qui préparent aux métiers du tertiaire font le plein. Gestion, commerce, tourisme, hôtellerie-restauration, captent près des deux tiers des étudiants. "Dans les services, le BTS management des unités commerciales (MUC) et le BTS assistant de gestion PME-PMI raflent la mise", confirme-t-on au ministère de l’Enseignement supérieur. La filière production, qui souffre de la désaffection générale pour les filières scientifiques et techniques, attire un tiers des étudiants. Certaines spécialités sont plus demandées que d’autres, comme les BTS électricité/électronique ou technologies de commandes des transformations industrielles.

DES ENSEIGNEMENTS PRATIQUES

C’est la marque de fabrique des filières courtes: des enseignements pratiques très tournés vers le monde professionnel. En complément des stages en entreprise, qui représentent entre 12 et 14 semaines sur 2 ans, ces filières font la part belle aux études de cas et aux mises en situation professionnelle. "Tout cumulé, on arrive à 40-50 % du volume horaire de la formation des BTS qui est prise directe avec l’entreprise", confirme Jean-Marie Panazol, inspecteur général de l’Éducation nationale, doyen du groupe économie-gestion. Autre particularité: les programmes sont élaborés en collaboration étroite avec les branches professionnelles concernées.

DES ÉTABLISSEMENTS À TAILLE HUMAINE

La proximité géographique des établissements, qui permet de maintenir les jeunes au domicile familial – et d’éviter ainsi des frais supplémentaires de location de chambre ou d’appartement – et l’encadrement proposé dans ces formations séduisent également les étudiants. "Nous sommes sur des structures de type “classe”, qui permettent aux jeunes manquant d’autonomie de ne pas se noyer comme ils risqueraient de le faire à l’université", confirme Nathalie Latour, professeur agrégée de gestion à Albertville (Savoie). Des différences existent cependant. Si les sections de techniciens supérieurs sont hébergées au cœur des lycées professionnels, l’IUT se rapproche plus de l’université, dont il dépend, et propose également des cours en amphithéâtre.

BTS ET DUT, FAUX JUMEAUX ?

On compte plus d’une centaine de spécialités en BTS, contre 25 seulement en DUT mais avec plusieurs options. Ainsi, sous l’intitulé gestion des entreprises et des administrations (GEA), on peut choisir entre trois options: finances-comptabilité, petites et moyennes organisations et ressources humaines. Comment trancher entre DUT et BTS? "Plus le projet du jeune est précis, plus il aura intérêt à choisir le BTS", préconise Jean-Marie Panazol. Mais que les jeunes se rassurent : les erreurs d’orientation sont toujours rattrapables. "On s’efforce de développer de plus en plus de passerelles entre BTS et IUT. Des étudiants en difficulté en IUT pourront par exemple intégrer un BTS en deuxième année", rassure Jean-François Mazoin.

L’INSERTION PROFESSIONNELLE EST-ELLE BONNE ?

Offrir un métier à bac +2, telle est la vocation première des BTS et DUT. "Ces filières forment les cadres intermédiaires et les techniciens supérieurs dont l’économie a besoin", rappelle Jean-François Mazoin. Le taux d’insertion des bac+2 est d’ailleurs parmi les meilleurs de l’enseignement supérieur sur des métiers tels que chef de chantier, manager de rayon dans la grande distribution, assistant de manager, assistant de gestion, etc. "Nos entreprises sont très attachées aux filières courtes, confirme Alix du Peloux, chef de la formation initiale à la Fédération française du bâtiment. Ce sont des jeunes qui ont une bonne formation technique, qui savent travailler aussi bien en équipe qu’en autonomie, rechercher l’information et communiquer."

PEUT-ON POURSUIVRE SES ÉTUDES ?

Si les filières courtes permettent une insertion professionnelle à bac+2, 34 % des étudiants de BTS et 80 % des étudiants de DUT poursuivent au-delà. S’offrent à eux de nombreuses possibilités?: approfondir avec une licence pro, poursuivre en licence générale, jusqu’au master ou au doctorat, voire intégrer une école de commerce ou d’ingénieurs. Certaines formations, tel le DUT mesures physiques de Paris 7 ou le BTS commerce international, ont d’ailleurs la réputation d’être des prépas déguisées…
Laure Cailloce

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