L’École à la maison

por Bernard Boriello

Parmi les nombreuses fake news qui circulent sur Internet, il m’est apparu qu’il fallait tordre le cou à celle que propage le Ministère lui-même en prétendant qu’il n’y aura pas de rupture pédagogique grâce à la mise en place de "L’École à la maison", escroquerie qui avalise ab anteriori sa généralisation à venir pour le plus grand bénéfice des multinationales du e-teaching que j’entends déjà se frotter les mains, mais pas avec du gel hydro-alcoolique.

Pourquoi douter de la réalité d’une continuité pédagogique à la maison ?

D’abord parce que la rupture pédagogique a eu lieu depuis longtemps, depuis que l’on a cessé, en fait, de vouloir transmettre des savoirs. On ne peut en bonne logique continuer d’enseigner ce qui n’existe plus dans les programmes, sauf bien évidemment la doxa habituelle, le prêchi-prêcha gnagnan ("buenista", pour reprendre la formule espagnole consacrée).

Ensuite parce que quiconque a pratiqué ce système sait pertinemment que l’intendance ne suivra pas.

Aussi, parce que les élèves qui n’écoutent pas en classe ne se précipiteront pas sur leur ordi pour suivre un cours autrement moins "attractif" que celui du prof, fût-il le plus mauvais parce que face à lui (ou elle, gender ou parité oblige) on peut au moins se marrer en foutant le bordel tandis que devant un écran c’est moins fun, à moins de se prendre pour un ministre grivois.

Je passe sur l’inanité du discours prétendument démocratique de ceux de mes collègues qui voient une injustice dans le fait que tous leurs élèves n’ont pas d’ordi mais les excusent de pourrir leurs cours en consultant à tout bout de champ leur portable à 1200 euros.

Je sais enfin qu’il en est déjà, parmi les profs, qui tendent la corde qui va les pendre en demandant à Google de leur fournir les moyens que le Mammouth est infoutu de leur donner. La servilité de ce milieu étant sans limites, on s’empresse déjà de céder aux injonctions de la direction pour montrer qu’on est plus malin que son collègue en étant in the mooc. Emmanuel Todd, entre autres, est un des derniers en date à fustiger cette nouvelle caste de collabos, petite cléricature du Système, Stylos Rouges en panne plutôt que Gilets Jaunes en colère.

C’est pourquoi, en cette période troublée, il m’est apparu que la meilleure façon d’appréhender "l’École à la maison" était de publier cette géniale petite vignette humoristique, même si je sais qu’elle fait appel à des connaissances en conjugaison que les jeunes profs n’ont plus :