L’oligarchie des ectoplasmes et des crétins : la fin de la culture générale Stephan A. Brunel
L’épreuve de culture générale disparaît du concours d’entrée à l’ENA à cause de son "caractère socialement discriminant".
Adieu épreuves de culture générale, adieu humanités classiques, adieu le grec et le latin, adieu la littérature et l’histoire comme on les enseignait avant la destruction de l’école, adieu la philosophie. L’individu sans racines ni identité, réduit à sa dimension de producteur-consommateur, à sa technicité, à sa cupidité, à son intempérance n’a nul besoin de ces billevesées.
En 2015, c’est l’hallali. Ils n’ont pas réussi à avoir la peau des classes préparatoires, mais ça viendra. En attendant, l’épreuve de culture générale disparaît du concours d’entrée à l’ENA à cause de son « caractère socialement discriminant », une ânerie en cachant du reste une autre, avec l’introduction d’une « épreuve collective d’interaction » pour la remplacer.
On apprend aussi que dans le secondaire, le grec et le latin, qui n’étaient plus que des matières à option (merci la droite de la haine de soi), devraient être intégrés dans un fumeux « enseignement pratique interdisciplinaire » (merci la gauche tabula rasa). Voilà nos langues mortes définitivement enterrées.
Sarkozy avait sonné la charge initiale. Selon lui, il fallait être sadique pour faire plancher un futur fonctionnaire sur La Princesse de Clèves. Les crétins de son camp l’entendirent et l’épreuve de culture générale, « signe d’un élitisme stérile », disparut des concours.
Le sinistre Descoings en fit de même à Science Po Paris, sa volonté de destruction de l’excellence culturelle typique de l’anti-élitisme des élites allant de pair avec la mondialisation de son école et la fin du principe du concours pour faire entrer le quota désiré de ces chères têtes brunes débarquées des quartiers difficiles, au nom d’une discrimination positive que l’on cessait juste d’appliquer aux États-Unis pour cause d’inefficacité.
Prétendre que la culture générale est l’œuvre du milieu familial, c’est nier la possibilité du mérite et de l’excellence individuels, grâce au travail et à l’effort, c’est admettre que l’inné prime sur l’acquis, c’est nier que l’école de la République réussissait jadis dans sa mission.
Ceux qui veulent la disparition de la culture générale et des humanités, qui constituent notre héritage à tous, sont ceux qui en ont le plus profité, ou alors ceux qui regrettent de n’avoir pu en profiter, soit la conjonction du pouvoir de détruire des ectoplasmes, ces héritiers bourgeois contaminés par la pensée bourdieusienne, et des crétins qui ont raté l’école, comme dirait Brel, qui les guident dans ce sabordage, par jalousie et rancœur.
En France, le problème n’est ni la culture générale ni la reproduction supposée qu’elle entretient, mais la dictature du diplôme initial qui joue un rôle disproportionné tout au long de la vie, le peu d’importance accordé à l’expérience acquise et le mépris pour les métiers non intellectuels.
Ce sont ceux qui viennent d’un milieu populaire et regrettent parfois de n’avoir pas bénéficié de l’empreinte initiale d’une bonne culture bourgeoise, et qui ont pourtant réussi par la culture générale, qui la défendent encore, et qui restent élitistes, contre vents et marées. Vive les hiérarchies du mérite ! Vive les discriminations fondées sur le travail et les talents !
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