Peinture

Une maison, un artiste : Salvador Dali, le génie et le bouffon de Port Lligat

En 1930, Salvador Dali, jeune peintre espagnol, souhaite s’installer dans une maison en Espagne avec sa compagne, Gala. Mais celle-ci est une femme mariée. La situation provoque une rupture avec sa famille installée à Cadaques. Il décide alors d’acheter une petite maison de pêcheurs à deux kilomètres de la demeure familiale, au bord de la mer, dans la crique de Port Lligat. Au fil des années, le couple agrandit progressivement la maison en acquérant des bâtiments voisins dont ils conservent le caractère simple d’habitat de pêcheurs. Ce refuge du couple témoigne du génie et de la folie de Dali, un des plus grands artistes de l’art moderne.

Samedi 21 Septembre 02h20 Rediffusion du dimanche 25 août 22h01.

Documentaire Durée : 40min

C’est un paysage de commencement du monde, d’où pourrait surgir un animal monstrueux. Ce décor étrange, surréaliste, où les fantasmes peuvent s’ébattre librement, est le coeur du labyrinthe. Nous sommes à Port Lligat, à 2 kilomètres de Cadaqués, dans le nord de la côte catalane. Dans ce qui était un minuscule village de pêcheurs, Salvador Dalí a acheté en 1929 une baraque pour y abriter ses amours, réprouvées par son père, avec une Russe divorcée. Elena Ivanovna Diakonova, dite Gala, était l’épouse de Paul Eluard. Mais une rencontre à Figueras, la ville natale de Dalí, a bousculé le destin. Coup de foudre mutuel. Le jeune peintre a trouvé sa muse.

Leur maison, formée de baraques accolées les unes aux autres, à des époques différentes, et réunies par des escaliers, est un assemblage de volumes. Cette forteresse symbolique, coiffée d’ oeufs géants et hérissée de fourches, sur fond de mer et d’oliviers, est assez austère. Mais l’intérieur est plein de recoins, de cheminées, d’objets inattendus, de miroirs truqués, de meubles espagnols anciens. Tout est sacré dans cette maison, tout est fétiche. C’est un mélange de caverne d’Ali Baba, d’antre de magicien et de laboratoire. Réglé comme une horloge, Salvador Dalí passe le printemps, l’été et une partie de l’automne à Port Lligat, novembre et décembre à Paris, et le reste de l’hiver à New York avant de regagner l’Espagne. Dans cette maison, il a surtout travaillé. Enormément. Des nuits entières. Car le bouffon aux mille déguisements, dont les moustaches captent l’attention des médias comme des antennes, est un artiste d’une grande exigence, dont l’ oeuvre regorge de références aux géants de la peinture.

Aujourd’hui transformée en musée, la maison où Dalí ne retourna plus après la mort de Gala, en 1982, semble toujours hantée par ce personnage baroque. Au détour de chaque corridor, on s’attend à le voir surgir, prêt à pourfendre quiconque serait assez sot pour nier que la vérité du délire est la seule échappatoire à l’absurdité, au néant de la vie.

TéléObs

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