Le bac L a-t-il encore un avenir?

22 mars 2011

Bac LEn 1994, 18,5% des élèves choisissaient d’aller en bac L. Quinze ans plus tard, ils ne sont plus que 11,4% à faire ce choix et 50000 inscrits (deux fois moins qu’en ES et trois fois moins qu’en S). On devrait presque dire «inscrites» tant le bac L est sexué avec ses 78,7% de filles. En fait, la série L n’a pas suivi la voie de l’expansion des autres séries du bac depuis 1985. Quand le nombre des bacheliers scientifiques a doublé, celui des littéraires n’a augmenté que de 10% et baisse maintenant régulièrement. En 2009, ce sont ainsi 1900 candidats de moins qui ont se sont présentés au bac L quand il y en avait 3000 de plus dans les deux autres séries générales (ES et S).

Une réforme pour sauver le «soldat L»

Lu dans un rapport de l’Inspection générale de l’Éducation nationale en 2006: «C’est d’un problème d’image dont souffre le plus aujourd’hui la série (L): elle est souvent présentée, de façon caricaturale, comme une série sympathique, où l’on a du temps pour soi, peuplée pour l’essentiel de jeunes filles généralement fâchées avec les mathématiques, et qui ne mènerait à rien hormis, pour les meilleurs, au métier d’enseignant».

Eh oui, la série L a mauvaise presse et l’un des objectifs majeurs de la réforme du lycée en cours est de la réhabiliter en «mettant fin à la hiérarchie entre les séries» et en faisant de la série L «une série d’excellence pour l’apprentissage des langues vivantes et la connaissance de l’international». De plus, pour faciliter les transferts d’une filière à l’autre, 60% des enseignements sont communs en première.

Dans le détail, c’est surtout la disparition de l’enseignement obligatoire des maths dès la première en L qui est remarquable alors que la littérature est enseignée jusqu’en terminale et plus seulement jusqu’au bac français. En terminale, est créée une option «droit et grands enjeux du monde contemporain» qui devrait avoir un vif succès.

Mais rien n’y fera si les bacheliers L ne trouvent pas de formation d’excellence pour les accueillir dans l’enseignement supérieur (toutes les infos utiles sur le site de l’Onisep). Aujourd’hui 70% choisissent de poursuivre leur cursus à l’université avec une prédominance pour les filières lettres-langues-sciences humaines-arts (43% des bacheliers L) et le droit et les sciences politiques (presque un quart). Moins de 8% va dans des classes prépas littéraires dont ils représentent 59% des effectifs. Surtout, un littéraire sur deux les quitte au bout d’un an tant elles sont difficiles et sans débouchés assurés avec, par exemple, 250 places dans les écoles normales supérieures pour… 5000 candidats. Heureusement, une réforme élargit cette année les débouchés de la banque d’épreuves littéraires (BEL) des Ecoles normales de Paris et Lyon aux 31 grandes écoles de commerce des concours Ecricome et BCE (dont HEC, l’Essec ou l’Edhec) ainsi qu’à six IEP, l’ISIT, l’ESIT, l’ISMAPP, l’Ecole des Chartes et le Celsa.

Dans le même esprit, Sciences Po Paris offre dorénavant aux candidats venant des trois séries du bac général la possibilité de choisir l’épreuve qui leur permettra de mieux mettre en relief leurs qualités. «Pour les L, nous avons donc créé l’épreuve de commentaire de littérature qui leur correspond parfaitement», commente Richard Descoings, le directeur de l’institut. Cette année Sciences Po Paris devrait ainsi avoir de l’ordre de 14% de ses candidats qui viennent de L pour 11% au niveau national.

Mais il faudra bien du temps et bien des initiatives similaires pour que la filière L remonte la pente. «Tant qu’on dira dans les conseils de classe “tu n’es pas bon, tu as le choix entre STG et L” et que les parents choisiront L pour sauver la face cela ne changera pas, reprend Richard Descoings. Aujourd’hui c’est très difficile, sauf dans les très grands lycées, de voir des classes de L qui soient considérées comme de bonnes classes.»

Grille horaire :
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