Bilingüe. Traducido por A. Imatz

Razón Española, cuarenta años contra la corriente Por Pedro Carlos González Cuevas

26 de noviembre de 2023

No suele ser habitual, en la España actual, que una revista de pensamiento persista cuarenta años, es decir, casi tres generaciones. Ha llovido mucho desde entonces, y en todos los sentidos. Sin embargo, en el caso que nos ocupa la excepcionalidad es aún mayor. Porque Razón Española ha resultado, a lo largo de este tiempo, un auténtico milagro. Lo dije hace diez años y lo repito ahora. Nació en un contexto enormemente hostil, tanto a nivel político como intelectual, en los inicios de la longeva etapa socialista (1983-1996), con una derecha representada, tras la desaparición de la Unión del Centro Democrático, por Alianza Popular, que, tras la derrota de finales de octubre de 1982, se encontraba a la defensiva, avergonzada de su condición de partido de derechas y que ya intentaba autodefinirse como “centro”. No en vano, Manuel Fraga, con su habitual tosquedad expresiva, fue el primer político español de la época que intentó teorizar sobre el “centro” político. Claro que, viniendo de quien venía, nadie se creyó el cuento. Tuvo que venir un hombre hueco, sin sustancia ni ideas, como Adolfo Suárez, para que el “centro” hiciera acto de presencia en el campo político español, con las consecuencias que hoy sufre el conjunto de la sociedad española.

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Le renouveau du conservatisme hispanique

Par Pedro Carlos González Cuevas, historien espagnol, professeur d’histoire des idées politiques ♦ Culpabilisation mémorielle, dictature morale de la gauche, droite se rebaptisant « centre » pour mieux se soumettre à la gauche… Depuis 40 ans, l’Espagne n’a pas échappé à la grande dérive de l’Occident. Dans ce paysage politico-idéologique dévasté, quelques ilots de résistance intellectuelle ont toutefois subsisté, telle que la revue Razón española. Au moment où de grands courants populaires sont entrés en mouvement en Espagne, il nous a paru intéressant de publier cet article sur le conservatisme espagnol. Écrit par le professeur Gonzales Cuevas, ce texte a été traduit en français par Arnaud Imatz que les lecteurs de Polémia connaissent bien.
Polémia

40 ans d’analyses de la situation politique du monde, de l’Amérique hispanique et de l’Espagne dans la revue Razón Española.

Il est rare qu’une revue de pensée politique résiste pendant quarante ans, c’est à dire presque trois générations. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis la fondation de la principale revue conservatrice hispanique Razón Española, en 1983, mais cette longévité exceptionnelle mérite d’être soulignée. « R.E. » a été, tout au long de cette période, un véritable miracle. Je l’ai dit il y a dix ans et je le répète aujourd’hui. La revue est née dans un contexte extrêmement hostile, tant politique qu’intellectuel, au début de la longue période socialiste (1983-1996). Il y avait alors une droite représentée par l’Alianza Popular qui, après la disparition de l’Union du centre démocratique, et la défaite de fin octobre 1982, était sur la défensive, honteuse de son statut de parti de droite et soucieuse de se définir avant tout comme “centre”. Ce n’est pas pour rien que l’ex-ministre Manuel Fraga, avec ses habituelles expressions rudimentaires, a été le premier homme politique espagnol de l’époque à tenter de théoriser le “centre” politique. Bien entendu, personne ne l’a cru du fait de son passé franquiste. Il a fallu que surgisse un homme aussi vide, sans substance, ni idées, qu’Adolfo Suárez, pour que le “centre” s’impose dans l’arène politique espagnole, avec les conséquences que l’on sait aujourd’hui pour l’ensemble de la société.

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