L’Espagne connaît-elle une montée de l’euroscepticisme ? De Nicolas Klein 17 avril 2020

Le 1er janvier 1986, l’Espagne fait son entrée officielle au sein de la Communauté économique européenne, un peu plus de six mois après avoir signé le traité d’adhésion à l’organisation. À cette occasion, le magazine politique espagnol Cambio 16 titre « Ya somos Europa » (« Ça y est, nous sommes européens »). Il faut comprendre le mot « Europe » dans son sens culturel et pas uniquement dans son sens institutionnel (« Union européenne ») (1).

Au-delà des fonds de cohésion, c’est donc la perspective civilisationnelle qui motive les aspirations communautaires de l’Espagne. C’est ainsi que l’on peut expliquer l’euphorie qui se saisit de notre voisin ibérique dans les années 1985-1992, à la suite de l’adhésion à la CEE. Malgré les conditions initialement imposées par Valéry Giscard d’Estaing à ladite adhésion (2), la demande formulée le 26 juillet 1977 par le gouvernement centriste d’Adolfo Suárez est défendue par les gouvernements successifs. Ils voient en effet dans la participation à la « construction européenne » un dépassement des vieux antagonismes nationaux qui ont mené aux guerres civiles qui se sont enchaînées depuis les années 1830 (3).

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