« Faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain ? – L’Espagne et son système de santé face au coronavirus », par Nicolas Klein

panorama désolant

Écrit vers 1200, le Poème du Cid (Cantar de Mio Cid) est l’un des sommets de la littérature médiévale espagnole. Au vingtième vers du texte, l’on peut lire la célèbre lamentation « ¡Dios, qué buen vasallo si oviesse buen señor! » – soit, en français : « Mon Dieu, quel bon vassal il ferait s’il avait un bon seigneur ! »[1]. Cette citation résume le sentiment de nombreux Espagnols en cette période de crise sanitaire – que l’Espagne est un grand pays et que ses dirigeants sont mauvais !

Il faut dire que l’épidémie de coronavirus qui touche notre voisin ibérique met à rude épreuve son système de santé et entraîne une remise en cause du monde politique – notamment du gouvernement socialiste de Pedro Sánchez. Au vendredi 3 avril, l’Espagne compte officiellement 117 710 personnes contaminées par le COVID-19 et 10 935 décès liés à cette maladie[2]. Il existe par ailleurs une bataille autour des chiffres outre-Pyrénées : les dirigeants des associations de pompes funèbres estiment qu’il faudrait ajouter 40 % au nombre de morts pour obtenir un décompte réaliste[3] ; toutes les communautés autonomes n’ont pas les mêmes critères en la matière[4] ; certaines sous-estiment clairement l’ampleur du problème[5] ; des études laissent penser qu’au moins 7 millions de personnes sont infectées dans le pays[6].

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