Contre le chômage, Madrid encourage les Espagnols à préférer le "made in Spain"

LE MONDE | 23.01.09 | 15h01 • Mis à jour le 23.01.09 | 15h01

En pleine "Obamania", le ministre l’industrie et du tourisme espagnol, Miguel Sebastian, a choisi d’emprunter au registre de John Fitzgerald Kennedy pour demander à chaque consommateur espagnol "ce qu’il peut faire pour son pays".

La réponse ? Acheter "made in Spain". Devant une poignée de journalistes économiques, ce proche de José Luis Rodriguez Zapatero, connu pour ses convictions libérales et européennes, s’est défendu, mercredi 21 janvier, de toute tentation protectionniste. Mais au prix de savants calculs, il est arrivé à la conclusion que, si la baisse de la consommation des ménages, estimée à 1,5 % en 2009 en Espagne, ne devait affecter que des produits espagnols, cela détruirait 120 000 emplois supplémentaires dans un pays qui se dirige tout droit vers les quatre millions de chômeurs.

CHANTAGE PSYCHOLOGIQUE

Pour éloigner cette perspective, "il faut introduire le facteur espagnol dans les habitudes de consommation", a-t-il déclaré. Que chacun achète pour 150 euros de produits espagnols au lieu de produits importés et, selon lui, le tour est joué. Son raisonnement s’applique aussi aux loisirs et au tourisme : "Mieux vaut profiter de la neige des Pyrénées ou de la Sierra Nevada que d’aller dans les Alpes." Fin 2008, il avait déjà souhaité que "les Rois mages, bien que venant d’Orient, apportent des jouets 100 % espagnols" aux enfants sages.

La suggestion du ministre n’a pas convaincu les organisations de consommateurs : Ruben Sanchez, porte-parole de la Fédération de consommateurs en action, a dénoncé "un chantage psychologique consistant à mettre sur les consommateurs la responsabilité de l’augmentation du chômage".

Jean-Jacques Bozonnet (Madrid, Correspondant)

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