Les Echos

Espagne, le rescapé européen

A rebours de ses voisins les plus proches, l’économie espagnole est en pleine remontada et voit sa dette s’acheminer sous la barre des 100 % du PIB. Dans « La Story », le podcast d’actualité des « Echos », Pierrick Fay et son invitée Cécile Thibaud nous expliquent pourquoi.

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Et l’Espagne devint le bon élève de l’Europe ! Alors que l’Allemagne, qui occupait cette place sur le podium, est en récession depuis deux ans, la péninsule ibérique a une croissance attendue de 3,2 % en 2024. L’Espagne, qui ne représente que 10 % de la richesse de la zone euro, lui a apporté près de la moitié de sa croissance l’an dernier. L’économie est en pleine remontada, le pays attire les investisseurs internationaux et 1 million d’emplois y ont été créés en deux ans.

Très endettée à la fin des années 2000 et empêtrée dans une grave crise immobilière, l’Espagne voit aujourd’hui sa dette diminuer. Après la crise sanitaire, elle était l’une des plus élevées d’Europe en 2021, à 124 % de son PIB. Elle avoisine actuellement 102 % et devrait s’acheminer, selon les objectifs du gouvernement, vers 98,4 % en 2027.
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Quel est son secret ? Le rebond du tourisme après la pandémie a fait repartir l’économie, et enclenché une dynamique. L’Espagne, qui était auparavant dans la roue de ses plus riches voisins, est devenue un pays attirant. Elle a capté 71 milliards d’euros d’investissements étrangers directs entre 2023 et les trois premiers trimestres 2024. L’Espagne engrange également le fruit de ses efforts dans les énergies renouvelables. Elles montent à 56 % de son mix énergétique et lui ouvrent des perspectives industrielles .

Seul bémol, la politique ne suit pas cette embellie . L’instabilité parlementaire persiste. Il n’y a pas eu de budget en 2024 et il n’y en a toujours pas pour 2025. Le gouvernement sauve sa peau in extremis à chaque vote. L’une de ses victoires est toutefois d’être parvenu depuis 2018 à augmenter graduellement de 60 % le revenu minimum. Ce qui n’efface pas la crise du logement pour la population. Les loyers flambent dans un contexte pénurie. Accentuant le sentiment de déclassement d’une classe moyenne qui considère que la croissance du pays ne change rien pour elle.