Un étudiant d’Harvard perce un secret des Incas Par Le Figaro Etudiant • Publié le 04/01/2018 à 16:48

En comparant les quipus -cordelettes tressées par les Incas pour recenser leur population- avec des textes de colons espagnols, Manny Medrano a réussi à «redonner voix» à ce peuple sud-américain.

Article en espagnol avec photos : El misterio del código Inca, descifrado por un estudiante de Harvard

Un chapelet de cordelettes de couleurs tressées, nouées entre elles par le haut et affublés de deux petits nœuds: voilà comment on peut définir les «quipus», ces franges de cordes millénaires qu’utilisaient les Incas pour répertorier leurs populations. Pendant longtemps, les scientifiques avaient estimé que ces symboles contenaient de simples informations de recensement. Mais Manny Medrano, un jeune étudiant d’Harvard de 21 ans, vient de réussir à faire parler ces cordes bien davantage, en les comparant à d’anciens textes de conquistadors espagnols.

Grâce à son minutieux travail porté sur six quipus d’une même vallée, Manny a pu se rendre compte que le peuple Recuay, qui vivait dans la zone en question, était divisé en six clans, non pas seulement géographiquement en fonction de l’emplacement dans la vallée, mais aussi en fonction des rangs sociaux, ce qui n’avait encore jamais été prouvé.

«Cela redonne voix aux Incas», a noté Gary Urton, le professeur qui a mené ces recherches avec Manny Medrano, auprès du site de la Gazette de Harvard. Les Incas ont en effet l’un des derniers peuples de l’âge de Bronze à ne pas utiliser l’écriture, lui préférant le tressage de cordes et la création des quipus. «Je n’ai jamais réussi à déchiffrer l’intégralité du message de ces cordes. Mais Manny l’a fait en se concentrant sur leur couleur, et leur construction en ’recto-verso’».

Durant sa première année d’université, le jeune Manny Medrano avait fait preuve de prédispositions au décryptage des symboles anciens puisqu’il avait pris une batterie de cours avec Gary Upton sur le sujet. Alors quand l’étudiant avait expliqué à son professeur qu’il n’avait rien à faire pour ses vacances de Pâques et qu’il souhaitait l’aider à déchiffrer ces messages, celui-ci n’a pas hésité longtemps. Les résultats sortiront en intégralité, courant janvier, dans le journal de recherche spécialisé en ethnographie et en histoire des cultures indigènes.
Des mots entre les cordes

C’est la comparaison entre les quipus et les textes disponibles de colons espagnols qui a fait la différence, selon Gary Upton: «J’ai étudié 600 quipus en Amérique du Nord et en Europe -pas juste leur couleur, mais la façon dont les cordes éteient accrochées entre elles et tissées vers la gauche ou la droite. Il y a énormément de variations possibles, et je savais que nous ferions une grande découverte si nous arrivions à les comparer aux informations que les Espagnols avaient rédigées sur les Incas à ce moment-là.»

Manny, lui, semble encore émerveillé par sa trouvaille: «J’adore l’idée que des chiffres ou des mots puissent être contenus dans les nœuds et les cordes. C’est important de se détourner de ce que les historiens européens ont toujours dit de ces cultures pour essayer de comprendre ce que celles-ci disaient d’elles-mêmes», a-t-il déclaré.

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Vidéo : Quipus incas: hilos que hablan

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