Política

Balance Zapatero visto desde el périódico liberal francés "Valeurs Actuelles"

Louise Castello , le 07-03-2008

Espagne. Les législatives de ce 9 mars vont redistribuer les cartes. Malgré de piètres résultats en économie et face à l’immigration, le socialiste José Luis Zapatero partait favori. À droite, le libéral Mariano Rajoy jouait sa survie /.../

Peu ou prou, Zapatero a rempli une grande partie de ses promesses électorales, à commencer par le retrait des troupes espagnoles d’Irak, dès mai 2004, ce qui lui valut une forte inimitié américaine.

Sur le plan social, il a lancé une ambitieuse politique d’aide aux personnes âgées et relevé le montant des retraites et du salaire minimum. Des réformes de société, contestées à droite et par l’Église, ont été lancées : sur la parité (y compris dans la composition de son gouvernement), la légalisation du mariage homosexuel et l’accélération des procédures de divorce. « Sur le plan social, il est allé trop loin pour de nombreuses personnes, notamment pour la gauche catholique et pratiquante », commente Gil Calvo, professeur de sciences politiques.

Sur au moins deux dossiers, Zapatero n’a pas réussi à convaincre l’opinion espagnole : la négociation avec les indépendantistes basques d’ETA et le nouveau statut d’autonomie de la Catalogne. « Il a donné l’impression de ne pas vraiment savoir où il allait et c’est très inquiétant concernant des sujets aussi graves », souligne l’analyste politique Pilar Cernuda. Un dialogue engagé entre Madrid et ETA a été abandonné l’été dernier, dynamité par la reprise des attentats terroristes basques. Beaucoup d’Espagnols ont reproché à José Luis Zapatero son ingénuité. Personne n’a oublié son « je n’ai jamais été aussi optimiste », lancé fin décembre 2006, à la veille de l’explosion d’une bombe d’ETA dans un parking de l’aéroport de Madrid (il y avait eu deux morts).

Concernant l’autonomie de la prospère région de Catalogne, le premier ministre n’a jamais caché sa foi en une Espagne “plurielle”, voire fédérale, et son intérêt électoral. Pour obtenir l’appui des indépendantistes catalans et galiciens aux Cortes (le Parlement), Zapatero a accéléré la rénovation des statuts d’autonomie.
En 2005, le Parlement catalan proposa un nouveau statut et Zapatero fit des concessions mal acceptées à Madrid, comme la reconnaissance d’une “nation catalane” et l’octroi de la moitié des prérogatives fiscales au gouvernement autonome catalan. « L’ennui, commente le philosophe Fernando Savater, c’est qu’il a donné l’impression de vouloir défaire ce qui jusqu’à présent unissait tous les Espagnols. Il y avait déjà le problème basque, pourquoi ouvrir la boîte de Pandore avec la Catalogne ? »

Mariano Rajoy s’est battu sur ce thème, au nom de tous les Espagnols attachés à l’unité de l’Espagne. Sans avoir l’attrait physique ni l’image conciliante de Zapatero, il a su maintenir un discours ferme sur l’avenir du royaume d’Espagne, dont il se dit le garant. Il a aussi lancé l’offensive sur le plan économique, estimant la droite libérale mieux à même de dissiper les nuages qui menacent l’économie espagnole.

Ce thème du ralentissement économique s’est lentement imposé comme un enjeu important de ces législatives. L’année 2007 s’est achevée sur une légère hausse du taux de chômage (8,6 %), pour la première fois depuis quatre ans. La croissance devrait aussi ralentir cette année,de 3,4 à 2,8 %. Ce taux peut faire pâlir d’envie les partenaires européens, mais 2008 devrait marquer la fin du miracle économique observé en Espagne.

Le thème de l’immigration peut aussi modifier le rapport de force politique. Une grande partie des Espagnols considéraient l’immigration comme une chance. L’Espagne était depuis cinq ans le deuxième récepteur d’immigrés au monde derrière les États-Unis. En 2007, pour la première fois, 60 % des Espagnols ont estimé que leur pays comptait assez d’immigrants pour ne plus en faire venir. C’est sans doute un effet direct de la politique de régularisations massives de Zapatero, dénoncée par ses partenaires européens. Les plus de 600 000 clandestins régularisés en Espagne, en provenance du Maghreb, d’Afrique noire et d’Amérique latine, ont provoqué un important appel d’air aux frontières de l’Europe /.../

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