Dossier: Les femmes en Espagne

le 26/12/2005

Parmi ses nombreux domaines d’intervention, le Forum économique mondial (plus connu sous le nom Forum de Davos) mène régulièrement des études sur la place des femmes dans la société en vue d’aider les gouvernements à réfléchir sur les politiques à mettre en place pour atténuer le fossé qui continue à exister entre les hommes et les femmes dans la société. La dernière étude, publiée en 2005, analyse la marge réelle de pouvoir des femmes dans 58 pays (les 30 pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économique et 28 pays émergents) dans cinq domaines spécifiques : participation économique (rémunération), opportunité économique (accès au marché de l’emploi), pouvoir politique, accès à l’éducation et santé.

Si la Suède, la Norvège, l’Islande, le Danemark et la Finlande obtiennent sans surprise les meilleurs résultats – c’est-à-dire que la discrimination entre les hommes et les femmes dans ces pays est pratiquement inexistante - la France arrive en 13e position (malgré son score élevé en ce qui concerne les opportunités économiques, elle a encore de sérieux progrès à réaliser en matière d’égalité des salaires et d’accès à l’éducation) et l’Espagne, avec 4,13 points sur 7, en 27e position. Elle doit travailler dans les mêmes domaines que la France mais également en matière d’opportunités économiques. Elle obtient en revanche un excellent résultat sur le plan de la santé (5e place), avec un système de santé universel et gratuit, 4,4 médecins pour 1 000 habitants (alors que la moyenne européenne est de 3,6), et un taux extrêmement faible de mortalité infantile.

Le ministère du Travail et des affaires sociales a entrepris cette année l’élaboration d’un avant-projet de Loi pour l’égalité entre les hommes et les femmes (Ley de Igualdad) que le gouvernement devrait présenter aux députés à la fin de l’année, dès que le texte aura fait l’objet d’un consensus entre le patronat, les syndicats et les autres secteurs sociaux concernés. L’une des priorités de cette loi concerne le domaine de l’emploi où des progrès importants restent à faire pour respecter les termes de la directive communautaire 2002/73 dont le délai d’application aux législations nationales était fixé au 5 octobre dernier. Même si aujourd’hui le taux d’occupation féminine est de 47,4% (contre 28% il y a 20 ans), le chômage des femmes espagnoles – le plus élevé d’Europe, avec 16% - est en effet deux fois plus élevé que le chômage masculin (7%) et celles-ci gagnent en moyenne 28,9% de moins que les hommes. Les femmes espagnoles obtiennent moins facilement des contrats à durée indéterminée et sont quatre fois plus nombreuses que les hommes à travailler à temps partiel. Parmi les mesures proposées dans le projet de loi figureraient la création d’une Agence pour l’égalité dans l’emploi (pour lutter contre la discrimination dans les entreprises), l’établissement d’une « marque d’excellence » destinée à distinguer les entreprises agissant en faveur de la pleine égalité ou encore la concession d’un congé de paternité (qui pourrait être de deux semaines), volontaire et indépendant du congé de maternité actuellement de 16 semaines.

Les allocations familiales restent très peu significatives et dépendent largement des politiques régionales. Seules quatre régions (Castille-León Catalogne, Galice et Navarre) versent des aides fixes aux parents dès le premier enfant. D’après un document publié par la Fédération espagnole des familles nombreuses, les allocations versées aux familles de trois enfants ne seraient en moyenne que de 72 € par mois en Espagne, contre 345 en France, 372 en Grande-Bretagne, 428 en Allemagne et plus de 1 000 au Luxembourg.

Le taux d’interruption volontaire de grossesse est extrêmement élevé en Espagne et a même doublé au cours des dix dernières années. Près de 80 000 avortements auraient été pratiqués en 2003, dont 20 000 pour la seule région de Madrid.
La violence domestique reste l’un des problèmes les plus graves de la société espagnole : 59 décès en 2004 et déjà 54 entre janvier et fin octobre 2005 (près de 400 depuis 1998). Environ 22 000 plaintes sont enregistrées chaque année pour mauvais traitements.

Source : Forum économique mondial, Instituto de la Mujer, Ministère du Travail et des affaires sociales.

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