France Culture

Une transition difficile vers la démocratie : Chili, le poids du passé

Résumé

L’émission "Voix du silence" propose en 1991 un numéro sur le Chili intitulé "Chili, le poids du passé". Ce programme évoque la période difficile de transition vers la démocratie dans les années 1990 après la fin de la dictature chilienne.
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Comment s’est achevée la dictature chilienne et au prix de quelles frustrations pour les victimes et les familles de victimes de la dictature ? C’est le sujet de cette émission de décembre 1991 intitulée "Voix du silence : Chili, le poids du passé". Cette émission permet d’entendre, au micro d’Antoine Spire, deux observateurs de la démocratie chilienne renaissante : André Jacques, le président de l’Acat et Gilberte Deboisvieux, avocate, membre du comité des juristes pour le Chili. On entend également la voix d’un prisonnier évadé des geôles chiliennes.

Les Chiliens savent très bien dater précisément le début du régime militaire du général Pinochet qui présida aux destinées du pays jusqu’en mars 1990. Ce régime de terreur débuta par le coup d’Etat du 11 septembre 1973. A cette époque les images du palais de la Moneda bombardé, symbole terrible, font le tour du monde.

Les choses sont moins évidentes et beaucoup plus ambiguës pour la période de transition par laquelle le Chili retrouve la voix de la démocratie. Il y a d’abord un référendum provoqué et perdu par Augusto Pinochet en 1988. Le dictateur entendait se maintenir au pouvoir jusqu’en 1997, le pays lui répond non à près de 56%.

Il y a ensuite la transition démocratique proprement dite avec l’élection d’un nouveau président issu de la démocratie chrétienne, Patricio Aylwin, et son installation au pouvoir en mars 1990.
Augusto Pinochet quitte le pouvoir politique mais demeure chef des armées

Sur le plan formel rien à dire : l’autocrate s’est conformé au verdict des urnes… Mais la transition empruntée par le pays est problématique à plus d’un titre : tout d’abord, Augusto Pinochet quitte le pouvoir politique mais demeure chef des armées et ce jusqu’en 1998. Ensuite et c’est peut-être le plus important : toute l’administration, les cadres de l’Etat, de la police, des armées, restent à leur poste. Ce qui empêche une réelle transition qui passerait par une reconnaissance des crimes commis par le régime pendant la dictature. De fait ces responsables ne sont pas nommés par la Commission pour la vérité et la réconciliation instaurée par le président Aylwin. Les militaires avaient d’ailleurs pris les devants avec une loi d’amnistie votée dès 1978.

Ces "particularités" du retour à la démocratie au Chili n’échappent pas aux observateurs internationaux qui se rendent à Santiago et dans tout le pays au début des années 1990. Particularités qui sont expliquées et analysées tout au long de cette émission diffusée pour la première fois sur France Culture le 21 décembre 1991.

Par Antoine Spire
Réalisation : Daniel Finot
Voix du silence - Chili, le poids du passé (1ère diffusion : 21/12/1991)

Edition web : Sandrine England, Documentation Sonore de Radio France
Archive Ina-Radio France

Ecouter : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/voix-du-silence-chili-le-poids-du-passe-1ere-diffusion-21-12-1991-1451673