La campagne d’Espagne de Napoléon – Souvenir et conséquences de part et d’autre des Pyrénées | Conflits De Nicolas Klein 23 avril 2020

La campagne d’Espagne de Napoléon Bonaparte (1808-1814), que les Espagnols appellent significativement « guerre d’Indépendance » (guerra de la Independencia) (1), n’est historiquement pas très connue ni étudiée en France – même si la situation tend à évoluer sur les dernières décennies. Pourtant, comme l’empereur des Français le reconnaît lui-même lors de son exil à Sainte-Hélène, cette campagne a constitué son tombeau (2). Les Français ont eu tendance à jeter un voile pudique sur ce qui s’est passé de l’autre côté des Pyrénées pendant six ans. Plus glorieuse semble la retraite de Russie, par exemple, néanmoins tout aussi désastreuse pour la Grande Armée.

Peu de batailles ibériques sont restées dans la mémoire napoléonienne. Même la victoire du col de Somosierra, le 30 novembre 1808, qui permet à l’empereur de reprendre Madrid, n’a pas l’aura d’Austerlitz ou Friedland (3). Qui se souvient des sièges de Saragosse ou de celui de Gérone ? La cruelle guerre d’usure menée par une population soulevée contre l’envahisseur français a été illustrée par Francisco de Goya dans une série de gravures, les Desastres de la Guerra, focalisant ainsi l’attention sur le caractère sanglant de l’affrontement plus que sur l’épopée militaire. La bataille de Bailén, représentée par José Casado del Alisal en 1864, est la première reddition de la Grande Armée au cours des campagnes de l’Empire, mais sa postérité n’est pas parvenue à dépasser les Pyrénées. De leur côté, les Français ont voulu oublier les exactions de leurs soldats sur place ou les défaites subies à Vitoria et Pampelune en 1813 (4). C’est ce qui explique que les célébrations du bicentenaire de cette campagne aient été importantes en Espagne, mais soient totalement passées inaperçues en France.

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