Les écrans modifient le cerveau des enfants selon une étude américaine

L’État fédéral américain a lancé une étude menée sur 11.000 enfants et pendant 10 ans et déjà, plusieurs éléments apparaissent.

Philippe Corbé
3-4 minutes

Ce lundi 10 décembre, on va parler du danger des écrans pour nos enfants. La chaîne CBS vient de rendre publics, il y a quelques heures, les premiers résultats de la plus grande étude jamais réalisée sur l’effet des écrans sur les cerveaux des enfants et adolescents.

C’est un projet scientifique de long terme, financé par le gouvernement fédéral américain, mené par une agence sanitaire, qui étudie les écrans comme elle pourrait examiner l’effet du tabac ou du cannabis. À terme, 11.000 enfants vont être suivis pendant une décennie, pour un coût de 300 millions de dollars.

Objectif : essayer de répondre à une question que se posent beaucoup de parents et pour laquelle les scientifiques n’ont pour l’instant aucune réponse : quel effet le temps passé devant les écrans a sur le développement du cerveau des enfants, mais aussi leur développement émotionnel, leur santé mentale ?
Les écrans responsables de l’amincissement du cortex ?

Les scientifiques ont déjà fait passer des IRM à 4.500 enfants. En scannant leurs cerveaux, on constate une différence chez les enfants de 9 et 10 ans qui passent plusieurs heures par jour devant un écran de téléphone, de tablette, ou de jeux vidéo. On observe en effet un amincissement prématuré du cortex. C’est la couche la plus externe du cerveau qui traite les informations provenant des cinq sens.

On ne sait pas encore si c’est grave, mais les chercheurs constatent ce point commun chez les enfants qui utilisent le plus les écrans. Cet amincissement du cortex se produit généralement un peu plus tard. Il faudra du temps, suivre l’évolution de ces enfants, à l’adolescence, dans l’entrée à l’âge adulte, pour voir si ça a un effet durable sur le cerveau.

Mais ce que montre déjà cette étude, c’est que les enfants qui passent en moyenne plus de deux heures par jour devant des écrans ont de moins bons résultats aux tests de langage et de logique. Et ce qu’elle essaye de déterminer également, c’est si les écrans génèrent chez ces enfants un mécanisme d’addiction, comme une dépendance à une substance.

C’est important, parce que si c’est le cas, on saura si c’est dangereux de confier une tablette ou un téléphone à un enfant de moins de 2 ans, un moment critique pour le développement du cerveau.
Lien entre automutilation et réseaux sociaux ?

Les chercheurs font aussi passer des IRM à des adolescents pendant qu’ils déroulent leur compte Instagram, pour étudier l’effet sur leur cerveau de la stimulation. Et quel effet sur leur santé mentale.

Les chiffres des services d’urgence montrent que les cas d’automutilation ont triplé chez les filles entre 10 et 14 ans, celles qui ont grandi avec des téléphones intelligents, les réseaux sociaux. Est-ce un hasard, ou est-ce une conséquence ?

Alors cette étude ne fait que commencer, et par définition certains des effets ne seront visibles que dans plusieurs décennies. La génération des enfants nés avec des écrans à disposition autour d’eux vit une expérience géante en temps réel.

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