Notation : objectif non atteint pour le ministère Pierre Van Ommeslaeghe

Ce qu’il y a de bien avec le ministère de l’Éducation nationale, c’est qu’on n’est jamais vraiment surpris. Une fois qu’on a compris qu’Ubu y est le véritable chef, on ne s’étonne plus de l’absurdité des réformes qui y sont pondues avec régularité. C’est aujourd’hui au tour de la notation de revenir sur le devant de la scène. Tentons de résumer le projet du gouvernement.

Au primaire, la notation sur 20 disparaît. La notation tout court disparaît d’ailleurs. Il s’agira d’évaluer les élèves en quatre paliers : objectifs d’apprentissage non atteints, objectifs d’apprentissage partiellement atteints, objectifs d’apprentissage atteints, objectifs d’apprentissage dépassés. Ceci dans 16 à 20 domaines de compétences du socle commun. On souhaite bien du plaisir aux professeurs des écoles pour évaluer tout ça et aux parents pour s’y repérer.

Avec une notation sur 20 dans quelques matières, on peut faire une moyenne, repérer les forces et les faiblesses. Mais si mon enfant a « objectif atteint » à « comprendre et s’exprimer à l’oral », « objectif partiellement atteint » à « lire » et « comprendre le fonctionnement de la langue », et « objectif non atteint » à « écrire », comment savoir s’il faut que je m’inquiète ou pas ? Et s’il progresse dans une compétence où les objectifs n’étaient que partiellement atteints sans qu’il les ait atteints, comment le verrai-je ?

Quel que soit le niveau social ou culturel des parents, une notation chiffrée est compréhensible et permet de mesurer les progrès des élèves. L’usine à gaz du projet ne fera que creuser le fossé entre l’école et les familles les plus fragiles.

Les choses sont encore pires en collège. La note chiffrée ne disparaît pas nécessairement. Cela dépendra du collège. Devinez dans quels collèges elle perdurera ? Dans tous les cas, elle ne sera qu’un élément du « bilan » qui mentionnera, là encore, quatre niveaux d’acquisition de compétences dans huit domaines. Plus simple, dira-t-on. Pas vraiment si l’on se penche sur les modalités du brevet, qui agrégera l’évaluation de compétences en contrôle continu (de 1 à 4, donc) et notes sur 20 dans trois épreuves terminales : français-histoire-géographie-enseignement civique et moral, mathématiques-sciences, et présentation d’un des EPI (enseignements pratiques interdisciplinaire) suivi dans les trois dernières années du collège. Vous n’avez pas tout compris ? Moi non plus.

Ce que l’on comprend, c’est que le ministère n’a pas voulu trancher pour une évaluation par compétence intégrale, qui ferait disparaître toute note chiffrée mais aussi tout examen terminal. À moins, mais ce n’est pas incompatible, que l’objectif ne soit de rendre l’évaluation incompréhensible et, par là même, empêcher toute comparaison, que ce soit avec le niveau des élèves dans le passé ou avec d’autres pays, entre les établissements ou entre les élèves. Dès lors qu’aucune mesure sérieuse et un minimum objective ne sera possible, tous les verbiages idéologiques seront possibles ; les Diafoirus qui dirigent le ministère pourront justifier tous leurs délires.

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