La lourde charge de Felipe, nouveau roi d’Espagne

Le poids de la succession s’annonce difficile à porter. Alors que Felipe VI doit prêter serment ce jeudi comme nouveau roi d’Espagne, les défis s’amoncellent déjà pour l’héritier de Juan Carlos, qui a signé mercredi son abdication après trente-neuf ans de règne. Plus "moderne", mais aussi moins "spontané" que son père, Felipe VI, 46 ans, devra s’efforcer de redonner du lustre à une monarchie écornée par les scandales, expliquent La Republica de Lima et Le Temps. Mais la première tâche du nouveau souverain sera de préserver une fragile unité nationale, qui menace de céder sous les coups de boutoir répétés des séparatistes catalans (El Mundo) – un test qu’El Pais compare à celui du 23 février (1981), lorsqu’une tentative de coup d’Etat avait failli désarçonner la jeune démocratie espagnole. A couteaux tirés avec Madrid, les partisans d’Artur Mas envisagent d’organiser un référendum sur l’indépendance de leur région le 9 novembre. Une tentation du "cavalier seul" qui semble faire des émules jusqu’au Pays basque, observe le Guardian. Bien qu’il parle le catalan, Felipe VI serait bien avisé d’éviter toute immixtion dans cet épineux débat, estime le Financial Times. Pour l’heure, il s’est prudemment contenté de déclarer qu’il souhaitait servir un pays "uni et divers". A cela s’ajoute le défi économique : il accède au trône dans un contexte marqué par l’austérité et le chômage (26 %), conséquences d’une crise dont les plaies tarderont à cicatriser, notent le FT et la BBC. Défiée par des républicains en verve, et jusque chez ses partisans, la monarchie a besoin de renouveau. Felipe VI sera-t-il couronné de succès dans son entreprise ? Pour L’Excelsior, "seuls le temps et sa capacité de gestion pourront dire si le nouveau roi saura gouverner avec réussite le navire espagnol qui, aujourd’hui, prend l’eau de toute part".