Indépendance catalane : le casse-tête de Madrid

C’est une épreuve de force politico-juridique dans laquelle aucun camp n’est disposé à céder du terrain. Inflexibles, les députés espagnols ont massivement rejeté mardi le projet de référendum sur l’indépendance de la Catalogne prévu pour le 9 novembre – deux mois après un vote semblable en Ecosse (le 18 septembre), où l’on scrute avec attention l’évolution des débats, rappelle le Herald Scotland. Résultat du vote : 299 voix contre, 47 pour et une abstention, rapporte la BBC. Bien que la Catalogne, forte de 7,5 millions d’habitants, jouisse déjà d’un large degré d’autonomie, cela ne suffit pas aux nationalistes, sous forte pression populaire. Arguant du fait que Madrid "asphyxie" économiquement et socialement la région, ils aspirent à une autodétermination pleine et entière. Ce que leur refusent les autorités de Madrid. Devant les parlementaires, le chef du gouvernement (conservateur), Mariano Rajoy, soutenu par l’opposition socialiste, s’est lancé dans un "solide plaidoyer" en faveur d’une Espagne indivisible, estimant "qu’il n’y [avait] pas de démocratie sans loi", relate El Mundo. Le dialogue, oui, mais dans le cadre fixé par la Constitution de 1978, a-t-il insisté. "Constitution", le vocable a d’ailleurs été utilisé à 31 reprises par le chef du gouvernement, remarque El Pais. Si ABC se félicite qu’il ait défendu "l’unité nationale", El Mundo estime que "cela ne règle pas le problème de fond". Le Wall Street Journal doute que l’issue du vote parlementaire soit de nature à amollir les ardeurs séparatistes. En écho au "non" de Madrid, qu’il a qualifié de "nouvelle occasion perdue" (La Vanguardia), Artur Mas, président de la Catalogne, a ainsi assuré que les institutions régionales allaient chercher "d’autres cadres légaux". Les observateurs s’attendent désormais à ce que le Parlement de Barcelone passe à l’offensive (FT). Preuve que le bras de fer, loin de connaître son épilogue, pourrait encore se durcir...

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