Vincent Peillon crée un enseignement de morale laïque du CP à la Terminale LE MONDE | 22.04.2013

(actualisé le ) por Bernard Boriello

Propos recueillis par Maryline Baumard et Mattea Battaglia

La morale laïque, dont Vincent Peillon précise aujourd’hui les modalités d’enseignement, est née dans la polémique. Le ministre de l’éducation avait annoncé, à la veille de la rentrée scolaire de septembre 2012 qu’il entendait développer cet enseignement du primaire au lycée. Luc Chatel, son prédécesseur rue de Grenelle, avait trouvé une résonance pétainiste dans cette volonté de "redressement intellectuel et moral" du pays.

Pourtant, un sondage IFOP pour Dimanche Ouest-France révélait la semaine suivante que 91 % des Français étaient favorables à l’initiative, dont 48 % "très favorables". Une mission composée de l’historien Alain Bergounioux, du conseiller d’Etat Rémy Schwartz, et de l’universitaire Laurence Loeffel, a été chargée de définir le contenu de cet enseignement et de réfléchir à son évaluation. Leur rapport, que le ministre devait présenter lundi 22 avril, s’intitule "Pour un enseignement laïque de la morale".

Eclairé par les six mois de lectures et d’auditions du rapport, comment définissez-vous le plus simplement la "morale laïque" ?

La morale laïque est un ensemble de connaissances et de réflexions sur les valeurs, les principes et les règles qui permettent, dans la République, de vivre ensemble selon notre idéal commun de liberté, d’égalité et de fraternité. Cela doit aussi être une mise en pratique de ces valeurs et de ces règles /... /


Commentaire :

La "morale" n’est pas une nouveauté dans l’Éducation "Nationale". C’est l’introduction de son enseignement en propre, comme vient de le décider Vincent Peillon, qui constitue la nouveauté. En effet, la morale est subrepticement devenue l’âme d’à peu près toutes les matières enseignées, à commencer par les Lettres et Sciences Humaines, sous forme de moraline aux accents repentants et larmoyants, jusqu’à s’étendre aux Sciences de la Vie, avec la "théorie du genre". Pour autant, cette moraline n’est encore pas totalement parvenue à anéantir la charge d’objectivité de tous les contenus enseignés. Or la période de crise que nous traversons impose une normalisation du discours afin que la jeunesse ne puisse mettre les mots qui conviennent sur l’origine des maux d’une crise qui va les frapper de plein fouet.

L’Oligarchie s’en remet donc naturellement à celui qui détient la plus haute autorité légale sur la formation des esprits, c’est-à-dire le Ministre de l’Éducation Nationale, pour qu’il prescrive le plus largement possible le consensus mou qu’on attend de lui. Outre les philosophes et autres historiens et économistes chargés de l’ECJS (Éducation Juridique Civique et Sociale) tous les enseignants devront enseigner la Morale Laïque, pseudo matière, qui permet de subjectiviser tous les contenus, puis de les relativiser avant de pouvoir passer sous silence les sujets plus sensibles, par substitution d’une morale abstraite à une violence sociale réelle.

Mesure facile, économiquement indolore, démagogique et politiquement consensuelle, car supposée rallier la droite, qu’elle invite à communier sur l’autel de la défense des valeurs républicaines. Donc petit investissement mais grand bénéfice escompté puisqu’elle permet d’étendre à bon compte la perversion des contenus à toutes les matières, en requérant tous les professeurs pour la faire passer.

De résiduelle qu’elle était, la moraline devient une "matière organique" autour de laquelle va s’ordonner tout l’enseignement. Ses relents pestilentiels montent déjà aux narines.

BB.

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