École : les notes à nouveau contestées Par Natacha Polony

Vincent Peillon, le ministre de l’Éducation, s’est déclaré favorable à une «évolution de la notation» devant le congrès de la Peep.

La période préélectorale n’étant pas propice aux annonces fracassantes - les syndicats enseignants s’étaient fait fort de le rappeler à leur ministre à propos de la semaine de cinq jours - Vincent Peillon se contente de lancer quelques pistes qui pourraient enfin permettre de cerner les orientations concrètes de sa politique.

Devant le congrès de la Peep, fédération de parents d’élèves classée à droite, il a donc évoqué, samedi, au détour d’une phrase, l’idée de «faire évoluer la notation» à l’école, celle-ci étant, selon lui, source de trop de «souffrance». Une déclaration suivie d’un silence ministériel désormais de rigueur, du moins jusqu’au 17 juin, puisqu’on précise Rue de Grenelle qu’elle n’appelle aucun commentaire supplémentaire et n’implique aucun calendrier.

Le public plébiscite les notes
La question des notes a pourtant fait l’objet, depuis trois ans, de polémiques récurrentes et de débats acharnés. En novembre 2010, une pétition rédigée par l’Afev, Association d’aides aux devoirs pour enfants défavorisés, était publiée par Le Nouvel Observateur et signée par une vingtaine de personnalités, d’Axel Kahn à Boris Cyrulnik et de Daniel Pennac à Richard Descoings. «Fissuration de l’estime de soi, absence de valorisation de leurs compétences, détérioration des relations familiales et, à terme, souffrance scolaire», tels étaient les maux dont se rendait coupable, selon le texte, un système de notation sur 20 accusé de pousser les élèves à la compétition. À la rentrée précédente, le livre du journaliste anglais Peter Gumbel, On achève bien les écoliers, remportait les suffrages des médias en accusant l’école française de traumatiser les enfants à coup de notes et d’humiliations.

Le débat serait donc miné? Pas forcément, puisqu’à l’époque, si Luc Chatel s’était dit farouchement opposé à la suppression des notes, d’autres voix s’étaient fait entendre à l’UMP, qui suggéraient que, sur ce sujet, comme sur d’autres, le clivage n’était pas si net: Jacques Grosperrin, auteur d’un rapport parlementaire, ou Camille Bedin, secrétaire nationale à l’égalité des chances…

Du côté des associations de parents, même consensus: FCPE et Peep se rejoignent dans la dénonciation des souffrances infligées aux enfants. Mais l’opinion publique, elle, plébiscite les notes. Et les syndicats d’enseignants sont fortement divisés. Car la polémique sur la notation recouvre une question bien plus vaste: celle de l’évaluation des élèves, et donc des buts assignés à l’école elle-même. «Le ministre parle de refondation, plaide ainsi Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa, syndicat partisan de la «rénovation» pédagogique, et la refondation passe par là. C’est sans doute un ballon d’essai de Vincent Peillon, et pourquoi pas. Il faut dépassionner ce débat. D’autant que le problème n’est pas le même au primaire, au collège et au lycée.»

Le collège fait débat
À l’école primaire, il est à peu près admis que les notes doivent arriver relativement tard et se limiter à une échelle sur dix. De sorte que l’inévitable exemple finlandais, où les élèves ne sont notés qu’à partir de 11 ans, n’est pas un horizon si lointain. Au lycée, les notes sont généralement admises. Reste le collège. En fait, la logique des notes rentre en contradiction avec celle de l’évaluation des compétences, qui a investi l’école depuis la loi Fillon de 2005.

En instaurant le socle commun de connaissances et de compétences, elle induit, à terme, une évaluation par un système de validation des acquis matérialisé par le livret de compétences, aujourd’hui généralisé dans les écoles et collèges (voir ci-dessous).

Pourtant, un rapport de l’inspection générale datant de 2007 soulignait que ce système d’enseignement prôné par l’OCDE et l’Union européenne, s’il fonctionnait bien en Finlande, obtenait des résultats plus que contrastés en Suisse ou au Québec, où il avait été généralisé.

En confirmant qu’il suivra la ligne déjà engagée de transformation du système éducatif, Vincent Peillon prend pour l’heure peu de risques. Les termes précis de la loi d’orientation, cet automne, permettront de poser le débat avec plus de clarté.

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