Emission de France Culture
Victor Stoichita : L’œil mystique. Peindre l’extase dans l’Espagne du Siècle d’Or (Le félin) L’essai et la revue du jour
(Avec tous mes remerciements pour la source : ST)
Présentation de l’éditeur
La plupart des mystiques sont d’accord sur le fait que la rencontre avec le transcendant est, dans son essence, ineffable, inénarrable, irreprésentable, ce qui n’empêche pas que la culture occidentale dispose d’innombrables textes littéraires et d’autant d’oeuvres d’art qui en parlent. Il s’agit de textes paradoxaux et d’images problématiques puisqu’ils représentent ce qui, a priori, ne peut être ni vu ni représenté. C’est justement le grand défi de la " représentation de l’irreprésentable " que ce livre aborde. La peinture espagnole du XVIe et du XVIIe siècles fournira la plupart des exemples, mais l’enjeu de cette recherche est plus vaste. Il s’agit, en fait, d’aborder un cas extrême de la représentation picturale, dans un espace géographique limité mais sur une toile de fond très ample. Cette toile de fond est constituée, d’un côté, par l’art occidental de la même époque et, de l’autre, par la spiritualité de la Contre-Réforme, qui redécouvre le rôle de l’imaginaire dans l’exercice de la foi. Considéré dans ce contexte, l’exemple de l’Espagne est à plusieurs titres instructif. Les caractéristiques fondamentales de l’imaginaire occidental s’y trouvent, indéniablement, poussées à leurs limites. Marquée d’abord par l’art des " Primitifs flamands " et, dans un second temps, par le maniérisme et le baroque italiens, la peinture espagnole cristallise un langage propre, ouvertement médité, à partir d’une assimilation assez tardive de solutions inventées ailleurs. On pourrait dire, en simplifiant, que la peinture espagnole atteint l’originalité non par ses inventions, mais par ses élaborations. Etant un art d’" élaboration ", l’art espagnol sera également un art où toute nouveauté sera soumise à une grille interprétative presque obligatoire. Passionnée et cérébrale en même temps, la peinture espagnole offre ainsi un terrain extrêmement riche pour des recherches concernant les données théoriques de la représentation.
Biographie de l’auteur
Victor I. Stoichita, né à Bucarest, enseigne l’histoire de l’art à l’Université de Fribourg (Suisse). Il a publié plusieurs livres, dont notamment L’Instauration du tableau (Genève, Droz, 1999), Brève histoire de l’ombre (Genève, Droz, 2000) et L’Effet Pygmalion (Genève, Droz, 2008). Il a dispensé son activité d’enseignement et de recherche dans plusieurs universités et institutions européennes et américaines, dont l’Université de Harvard, le Getty Center for Humanities de Los Angeles, l’institut d’Études Avancées de Princeton ou le Wissenschaftskolleg de Berlin, et en tant que Professeur invité, le Collège de France.