Crise - Crisis

Le FMI demande à l’Espagne des réformes "urgentes"

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 24.05.10

Alors que la menace d’une grève générale se précise contre le plan d’austérité du gouvernement espagnol, le Fonds monétaire international (FMI) a recommandé, lundi 24 mai, à Madrid des réformes "urgentes".

Le FMI donne trois priorités. La première est de "rendre le marché du travail plus flexible pour favoriser l’emploi et sa redistribution entre les secteurs", dans un pays où le taux de chômage a dépassé les 20 % au premier trimestre.

La deuxième est une "consolidation budgétaire pour asseoir les finances publiques sur une base viable". La troisième priorité est "une consolidation du secteur bancaire et une réforme pour renforcer la santé et l’efficacité du système", pour lequel "les risques restent élevés et inégalement répartis entre institutions, concentrés principalement sur les caisses d’épargne".

Le gouvernement espagnol a immédiatement réagi en estimant que l’analyse du FMI "correspond" à la sienne. "L’économie espagnole est entrée dans une phase de stabilisation (...) mais cette récupération est encore fragile et le gouvernement ne doit pas retarder les réformes structurelles annoncées", a ainsi expliqué le ministère des affaires étrangères espagnol.

"UNE GRÈVE GÉNÉRALE SERAIT LA PIRE DES CHOSES"

Pour prouver aux marchés que l’Espagne peut maîtriser son déficit budgétaire, Madrid a déjà annoncé des mesures d’austérité destinées à économiser 15 milliards d’euros en 2010 et 2011. 13 000 postes dans la fonction publique seront supprimés cette année, et les salaires des fonctionnaires seront en outre réduits de 5 % en 2010 et gelés en 2011. Le gouvernement espère ainsi ramener le déficit budgétaire à 9,3 % du PIB cette année, et à 6 % en 2011, contre 11,2 % en 2009. Ce déficit devrait ensuite être ramené à 3 % du PIB d’ici à 2013.

Face à ce plan d’austérité, les syndicats n’excluent pas une grève générale, même s’ils hésitent à franchir le pas. "Nous en sommes désormais plus proches qu’il y a une semaine", a déclaré lundi le secrétaire général des Commissions ouvrières (CCOO), Ignacio Fernandez Toxo, sur la chaîne de télévision TVE. Mais il a aussitôt ajouté : "Une grève générale serait la pire des choses qui puisse arriver à l’Espagne."

Les CCOO, le principal syndicat du pays, et l’Union générale des travailleurs (UGT), la deuxième centrale du pays, ont déjà lancé un mot d’ordre de grève dans la fonction publique le 8 juin prochain.

En dépit de sondages défavorables et des menaces des syndicats, José Luis Zapatero a assuré que le gouvernement résisterait aux pressions. Un sondage réalisé le 13 mai, au lendemain de la présentation du plan d’austérité, montre que l’avance de l’opposition de droite dans les intentions de vote a plus que doublé.

2,7 milliards d’euros pour la Caisse d’épargne

Le sauvetage de la caisse d’épargne espagnole Cajasur qui a été placée samedi sous tutelle de la Banque d’Espagne, pourrait coûter jusqu’à 2,7 milliards d’euros, affirme lundi le quotidien économique Expansion.

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