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En fac de lettres, ils se remettent à l’orthographe lundi 02 novembre 2009

Arrivés à l’université d’Angers, des étudiants doivent redécouvrir les fondamentaux du français. Une opération exceptionnelle dans l’Ouest, pour aider les jeunes à se structurer et à s’insérer.

Frédéric Girou


Des cours d’orthographe et de grammaire pour aider les étudiants à ne pas décrocher de l’université.

ANGERS. Veille des vacances à l’université. « On va travailler sur le pluriel des noms composés et sur le participe présent », annonce la prof à une douzaine d’étudiants de psycho. D’habitude, Pauline Bruley enseigne la stylistique et la rhétorique. Aujourd’hui, son cours est de niveau collège...

« On perd beaucoup d’étudiants à la fin de la première année, juste parce qu’ils n’arrivent pas à s’exprimer », explique Isabelle Trivisani-Moreau, directrice adjointe du département lettres. Les chiffres en témoignent : cette année à Angers, 50 % des étudiants entrant en lettres avaient obtenu moins de 10/20 aux épreuves anticipées de français au bac.

Alors, pour la première fois, ceux-là ont passé un test en septembre. En orthographe et en grammaire d’abord, en rédaction ensuite. Moins de 12 à une épreuve ? Une heure de travaux dirigés obligatoire par semaine. Moins de 12 aux deux épreuves ? Deux heures. 286 étudiants angevins - la moitié des élèves testés - ont ainsi repris le B.-A.-BA du français.

« Je ne comprenais même pas les consignes ! »

« De l’orthographe et de la grammaire, t’en manges en primaire, s’exclame Harmony, 18 ans. Mais quand t’arrives en fac, t’en as plus fait depuis le collège ! » « Et à force de prendre les cours en notes au lycée, on perd en orthographe, » renchérit Amandine. Sur le coup, Harmony a été choquée d’avoir échoué au test : « Je ne comprenais même pas le vocabulaire des consignes ! » Les pronoms relatifs, les modes des verbes...

Harmony estime que cette remise à niveau « permet de réactiver des notions qu’on a déjà, mais qu’on avait oubliées ». « Et on apprend plus intelligemment qu’au collège, poursuit Justine. À l’époque, on travaillait pour la bonne note... » « Ou on ne travaillait pas du tout ! », admet Amandine, ravie, à 19 ans, de cette seconde chance : « Si je ne comble pas ces lacunes maintenant, je les aurai toute ma vie. » « D’autant qu’on va avoir des lettres de motivation à écrire », prévoit Harmony.

« C’est vrai, une candidature avec des fautes d’orthographe constitue un gros handicap », confirme la prof. Qui avoue : « Moi-même, je réapprends beaucoup en faisant ce cours. Le français est complexe, on a tous des difficultés en orthographe ! »

Claudine QUIBLIER.

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