América Latina en la prensa europea por Tatiana Miralles

"En América Latina la erosión de las remesas se dejan sentir" En Amérique latine, l’érosion des transferts de fonds se fait déjà sentir

Artículo publicado el 10/02/2009

"En América Latina la erosión de las remesas se dejan sentir", titula el vespertino francés Le Monde. Desde República Dominicana, el corresponsal del diario explica cuál es la situación en el país. Los profesionales de la construcción, el sector más dinámico de la economía dominicana, se preocupan porque las hileras de apartamentos construidos a lo largo de la costa no encuentran compradores. Porque los dominicanos que viven en el extranjero están sufriendo la crisis y, como consecuencia, envían menos remesas a su país e invierten menos también.

Republica Dominicana sufre una desaceleración de las remesas, una de las primeras fuentes de divisas del país y principal amortiguador de la pobreza. "Los principales envíos de dinero proceden de Estados Unidos y España", dice Le Monde, "precisamente los dos países que más desempleo registran".

En el país vecino, Haití, la situación es más grave todavía, "teniendo en cuenta que más de un tercio de la población vive en situación de inseguridad alimentaria". El descenso de remesas supone el aumento del hambre y la miseria. "Esos ingresos en Haití son iguales al presupuesto nacional y más cuantiosos que la ayuda internacional", son remesas vitales.

"Las remesas a Cuba desde Estados unidos no han descendido, sin embargo", dice Le Monde. "Los cubanos de Miami se han apretado el cinturón para enviar el mismo dinero de siempre a sus familias, mientras esperan que el Gobierno Obama levante las restricciones al envío de capital a la isla.

"Las remesas enviadas por los mexicanos también han descendido porque la mayoría trabaja en los sectores más afectados por la crisis en Estados Unidos: la construcción y la industria".

Así, las familias transnacionales son la masa más afectada por esta crisis internacional", afirma el diario francés, "y quizás los Estados deberían tomar medidas para proteger a esta población más vulnerable", afirma el vespertino retomando las palabras de la CEPAL. "Pero no es seguro que los países de la región estén en situación de proteger a nadie, en medio del descenso de las exportaciones, las inversiones extranjeras y del turismo".

http://www.rfi.fr/actues/articles/110/article_10746.asp

En Amérique latine, l’érosion des transferts de fonds se fait déjà sentir

LE MONDE | 09.02.09.
SAINT-DOMINGUE CORRESPONDANT

Les professionnels de la construction, un des secteurs les plus dynamiques de l’économie dominicaine, sont inquiets. Les nombreux appartements mis en chantier dans la capitale ont de plus en plus de mal à trouver preneur. "Les Dominicains vivant aux Etats-Unis sont plus frileux", constate un vendeur à Juan Dolio, à l’est de Saint-Domingue, où les immeubles en construction se succèdent au bord de la mer des Caraïbes.

Comme tous les pays de la région, la République dominicaine souffre d’une décélération des "remesas", ces sommes d’argent envoyées par les émigrés, l’une des premières sources de devises et le principal amortisseur de la pauvreté. "Les remesas ont commencé à diminuer à partir d’août 2008 et la réduction risque d’être drastique au cours des prochains mois", craint Freddy Ortiz, le président de l’Association dominicaine des entreprises de transfert de fonds. L’essentiel des transferts vient des Etats-Unis (80 %) et d’Espagne (15 %), deux des pays les plus touchés par la montée du chômage. Plusieurs agences de transfert installées à New York ont même constaté un phénomène de rapatriement de fonds : pour survivre aux Etats-Unis, des émigrés commencent à puiser dans leurs économies placées dans les banques dominicaines. D’autres, sans espoir de retrouver du travail aux Etats-Unis, rentrent au pays.

Dans la république voisine d’Haïti, où plus du tiers de la population est d’ores et déjà en situation "d’insécurité alimentaire", selon les termes de Josette Sheeran, la directrice du Programme alimentaire mondial (PAM), l’érosion des transferts de fonds aggrave la crise alimentaire et la misère. En 2008, les Haïtiens expatriés ont envoyé 1,4 milliard d’euros à leurs familles, une somme comparable au budget national et largement supérieure à l’aide internationale.

RISQUES POUR LA PAIX SOCIALE

Selon plusieurs agences de transferts de Miami, les remesas vers Cuba n’ont pas diminué malgré la crise. De nombreux Cubano-Américains se sont serré la ceinture pour envoyer de l’argent à leurs familles durement frappées par trois cyclones en 2008. La majorité des exilés de Miami espère que le président Barack Obama lèvera rapidement les restrictions limitant le montant des envois.

Au Mexique, les remesas, deuxième source de devises après les exportations de pétrole, ont baissé de 3,57 % en 2008. Douze millions de Mexicains résident aux Etats-Unis, dont la moitié sans papiers. Beaucoup travaillent dans la construction et l’industrie, où le chômage a fortement progressé. Selon l’expert mexicain Jorge Bustamante, la contraction des transferts pourrait affecter la paix sociale. Ce risque existe dans d’autres pays d’Amérique centrale, où les inégalités sont considérables. Il est aggravé par le durcissement des mesures contre les migrants. En 2008, 28 000 Guatémaltèques ont été expulsés des Etats-Unis.

Présentées par Luis Moreno, le président de la Banque interaméricaine de développement (BID), comme "la face humaine de la mondialisation", les familles transnationales sont durement touchées par la crise. La réduction du coût des transferts - très élevé - ne peut être considérée comme un remède. Face à l’augmentation de la pauvreté et à la baisse des remesas, la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (Cepal) préconise "de nouveaux instruments pour protéger les populations les plus vulnérables". Mais il n’est pas sûr que les pays de la région, confrontés à une baisse de leurs exportations, des investissements étrangers et du tourisme, en aient les moyens.

Jean-Michel Caroit
Article paru dans l’édition du 10.02.09

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