Ecuador
Le référendum constitutionnel divise De 1998 al presente año 2008-09-23
Les Equatoriens voteront le 28 septembre pour adopter une nouvelle Constitution. Dans la lignée du "nouveau socialisme sud-américain", le texte provoque un large débat à propos de la politique du président Rafael Correa.
"Conduire le pays vers le socialisme du XXIe siècle : tel est l’objectif du nouveau projet de Constitution proposé par le gouvernement de Rafael Correa, qui sera soumis au vote le dimanche 28 septembre", annonce El Mercurio [1].
Cette nouvelle Constitution, qui souhaite "démocratiser la richesse", comme le titre El Telegrafo, cristallise néanmoins toutes les peurs de l’élite économique et des conservateurs qui composent l’opposition. Le texte permet d’accroître les pouvoirs de l’Etat, qui souhaite ainsi "récupérer sa capacité de planification à long terme", explique El Universo. Par cette mesure, le gouvernement de Correa cherche à mettre un terme à l’instabilité chronique de la politique équatorienne. [Onze présidents se sont succédé à la tête de l’Etat en douze ans.]
Pour les partisans du non, inscrire la centralisation du pouvoir dans la Constitution équivaut à l’instauration d’une "dictature du parti unique", argumente le quotidien Hoy et à une concentration du pouvoir aux mains de l’Etat "plus forte que lors des dictatures militaires", renchérit El Universo. Plusieurs des 440 articles de la nouvelle Constitution contrastent cependant avec les textes constitutionnels précédents [l’Equateur a connu vingt Constitutions depuis son indépendance, en 1822] et pourraient lui faire gagner le soutien d’une grande partie des Equatoriens.
Le texte prévoit d’abord le "renforcement des droits des communautés rurales", souligne El Mercurio, un point non négligeable dans un pays où 40 % de la population est indienne. Le projet innove également en matière d’écologie, en "interdisant l’exploitation des ressources naturelles se trouvant dans des zones protégées", explique El Universo. Deux autres questions importantes sont soulevées par ce projet : l’avortement et l’homosexualité. La nouvelle Constitution "ne reconnaît pas clairement le droit à la vie depuis la conception et donne le même statut aux couples du même sexe et aux couples hétérosexuels", regrette La Hora, se faisant l’écho de beaucoup d’Equatoriens croyants et conservateurs [2].
Le vote de dimanche ne concerne pas seulement la nouvelle Constitution, il va bien au-delà. Les Equatoriens affirmeront ou non dans les urnes leur soutien à leur président. Les opposants voteront non à ce qu’ils qualifient, comme El Universo, de "dictature constitutionnelle". A l’inverse, les partisans du oui voteront pour la "redistribution des richesses et la démocratisation des moyens de production", annonce El Mercurio. Avec plus de 60 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté, le oui risque donc de l’emporter, même si les derniers sondages annoncent un score serré.
Laure Gabus
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=89807