José Luis Rodriguez Zapatero présente son plan pour contrer la crise espagnole

LE MONDE | 11.09.08 | 14h04 • Mis à jour le 11.09.08 | 14h04
MADRID CORRESPONDANT

e chef de l’exécutif espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, s’est bien gardé de prononcer le mot de récession lors de son discours devant le Congrès des députés, mercredi 10 septembre. Soucieux de "donner confiance" aux citoyens qui "vivent une situation compliquée", il a tout de même prévenu que "les prochains trimestres seront durs" pour une économie qui, il y a moins d’un an, était encore la locomotive de la zone euro.

Mais la récession est aux portes. L’Espagne ne peut plus l’ignorer depuis que les prévisions de l’UE évoquent pour le pays une croissance négative lors des deux derniers trimestres de 2008. Pedro Solbes, le ministre espagnol de l’économie, en a reconnu "le risque et la possibilité", tout en précisant que "le gouvernement ne travaille pas sur cette hypothèse".

Tenu de s’exprimer devant le Parlement par une opposition qui lui reproche sa "passivité" face à la crise, le leader socialiste n’a "pas souhaité présenter une batterie de propositions" s’ajoutant à la série de mesures déjà prises le 14 août pour relancer l’économie. Il a ciblé son intervention sur l’immobilier, particulièrement sinistré depuis la crise des subprimes. Il a annoncé la création de deux sociétés d’investissement cotées en Bourse et dotées d’un régime fiscal incitatif pour apporter des liquidités aux entreprises du secteur. Parallèlement, 3 milliards d’euros seront réservés aux promoteurs de logements destinés à la location, un secteur très peu développé en Espagne.

Les professionnels de l’immobilier ont salué "une combinaison de mesures positives et efficaces". Ce n’est pas l’avis de Mariano Rajoy, le chef du Parti populaire (PP, droite), qui n’a "rien vu de nouveau et de remarquable" dans le discours de M. Zapatero. Ce dernier a promis un budget 2009 sous le signe de l’austérité, avec une hausse de la dépense publique limitée à 3,5 % au lieu des 5 % prévus en juin. La promesse d’augmenter de 6 % le minimum retraite est maintenue. Un effort rendu possible parce que "la sécurité sociale fait preuve d’une santé magnifique", a expliqué le ministre du travail, Celestino Corbacho, évoquant un fonds de réserve équivalent à 5 % du PIB.

La hausse du salaire minimum et plusieurs autres réformes sociales risquent d’être ajournées. C’est l’emploi qui fera l’objet de "toute l’attention" du gouvernement. "Chaque personne qui ne trouve pas d’emploi ou qui perd le sien représente un échec collectif", a déclaré M. Zapatero. Son équipe travaille sur une prévision de 12,4 % de chômeurs en 2009. Dans ces conditions, a ajouté le chef du gouvernement socialiste, "il est logique que le flux de l’immigration se réduise".

Quelques jours plus tôt, le ministre du travail avait provoqué la colère des syndicats et des associations d’aide aux immigrés en annonçant une réduction "proche de zéro" du contingent des contrats de travail passés avec les pays d’origine : "Cela n’a pas de sens de faire venir des maçons du Maroc si ceux d’ici sont au chômage", s’était justifié M. Corbacho.

Jean-Jacques Bozonnet

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