L’enseignement supérieur ne garantit pas l’ascension sociale

LEMONDE.FR avec AFP | 28.08.08 | 13h03 • Mis à jour le 09.09.08 | 10h32

L’accès plus grand à l’université a permis une "démocratisation réelle" de l’enseignement supérieur, mais cette démocratisation ne s’est pas traduite par de plus grandes perspectives d’ascension sociale. C’est ce que démontrent deux études de l’Insee publiées jeudi 28 août dans la revue Economie et statistique.

"En seulement quinze ans, la part des jeunes obtenant un diplôme du supérieur a doublé, passant de 21 % pour les générations nées entre 1960 et 1962 à 42 % pour celles nées entre 1975 et 1977", rappelle la première étude, qui reconnaît là un véritable "progrès social". Un progrès d’autant plus impressionnant qu’il concerne toutes les filières universitaires, et tous les niveaux de diplômes.

Ce "progrès social" ne s’est cependant pas traduit par une réduction des inégalités. La démocratisation du supérieur a, en effet, été moins forte que celle du baccalauréat. Ainsi, "même si pour les enfants d’ouvriers les probabilités d’être diplômé du supérieur ont été multipliées par trois entre les générations 1948-1951 et 1975-1977, elles restent encore trois fois moins élevées que celles des enfants de cadres (77 % contre 25 %)". Autre bémol à cette démocratisation : chez les filles, les auteurs ont observé un "renforcement des différences sociales de choix d’orientation".
La deuxième étude constate une dégradation des perspectives d’ascension sociale chez les jeunes générations. Elle relève en effet une tendance au déclassement accrue chez les Français de toutes origines sociales nés dans les années 1960. "Si la part des individus qui parviennent à s’élever au-dessus de la condition de leurs parents demeure toujours supérieure à celle des déclassés, l’écart entre les deux flux diminue considérablement", résume l’étude.

Et de poursuivre : "Pour les individus issus des classes populaires, les trajectoires ascendantes sont plus rares, et pour ceux nés dans des milieux sociaux plus favorisés, les trajectoires descendantes se multiplient". Une situation d’autant plus paradoxale que le niveau d’éducation atteint par ces générations est, comme le démontre la première étude, sans précédent. De quoi conclure à un "affaiblissement du lien entre diplôme et position sociale". Une évolution que l’auteur de cette étude attribue à des raisons structurelles, et notamment au développement du chômage.

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