Encyclopédies en ligne

Wikipedia, Larousse ... mérites comparés

Wikipédia. Le fast-food encyclopédique

Bénédicte Fournier, le 02-05-2008.

Avec ses neuf millions d’articles, Wikipédia prétend que chacun peut être encyclopédiste. Au risque de remplacer le savoir structuré et réfléchi par les facilités du copier-coller.

Projet d’encyclopédie librement réutilisable que chacun peut améliorer. C’est ainsi que se définit Wikipédia sur sa page d’accueil. Le mot “encyclopédie” rappelle à la mémoire de tout Français les noms de Voltaire, Diderot et d’Alembert. À ces souvenirs séduisants, s’ajoute le nombre incroyable d’informations disponibles sur Wikipédia.

La version francophone du site compte 651 089 articles et plus de deux millions d’images, de vidéos ou d’extraits sonores. En tout, ce sont dix millions d’articles en 250 langues qui sont publiés,dont plus de deux millions en anglais, consultées par plus de 200millions de lecteurs.En France,près de 350 000 contributeurs sont enregistrés. Lorsqu’on utilise un moteur de recherche comme Google,Wikipédia arrive souvent dans les premiers liens référencés.Sans que Wikipédia soit seul en cause, les ventes des encyclopédies traditionnelles, Britannica ou Universalis, dégringolent (voir encadré page 14).Pour tenter de combler son retard, Britannica vient de décider d’offrir la possibilité d’accès libre à sa version en ligne.

Au lancement de Wikipédia,en 2001, les fondateurs avaient une belle idée : si chacun, spécialiste ou non, apporte sa pierre pour rédiger un article sur un champ de connaissances donné, cet article devient fiable. À tout moment, le lecteur peut cliquer sur “modifier” et corriger le contenu de la fiche,ou en créer une si un sujet n’a pas encore été traité.Aucune limite n’est posée a priori pour que le simple utilisateur devienne contributeur.Des sanctions peuvent être décidées a posteriori si les consignes élémentaires ne sont pas respectées : ton impersonnel, retenue dans l’expression des opinions, refus du vandalisme, apport de références bibliographiques sont les quelques règles à suivre.Des contributeurs se font élire administrateurs,bureaucrates ou arbitres.Ce sont eux qui peuvent supprimer des informations malvenues, sanctionner un contributeur malintentionné ou trancher un conflit lorsque des utilisateurs ne sont pas d’accord sur le traitement d’un sujet.

Cependant, l’égalité reste le principe roi : «L’utilisation du terme statut n’implique aucune hiérarchie de pouvoirs de décision, mais reflète seulement une hiérarchie de pouvoirs de mise en oeuvre des décisions communautaires. »

À la tête du projet, on trouve la Fondation Wikimedia, localisée en Floride,qui emploie neuf salariés.Les fondateurs, Jimmy Wales et Larry Sanger, sont américains.Le premier est libertarien, il a commencé par créer un portail érotique dont les ressources ont financé en partie Wikipédia jusqu’à l’explosion de la bulle Internet.Avec Larry Sanger, il avait d’abord lancé un premier projet d’encyclopédie sur Internet appelé Nupedia.Plus exigeant, puisque les contributeurs étaient sélectionnés, il a été abandonné faute de succès. « Aujourd’hui,Wikipédia vit à 95 % grâce aux dons, affirme Florence Devouard,présidente du conseil d’administration de la Fondation Wikimedia.Nous refusons toujours toute ressource publicitaire. » Jimmy Wales a licencié Larry Sanger, pour des raisons économiques, dit-il.Celui-ci,sans démentir, invoque surtout des désaccords de fond.

Car Wikipédia ne fait pas l’unanimité. Auteur d’un récent Wikipédia, média de la connaissance démocratique ? (FYP éditions), l’universitaire Marc Foglia y oscille, sans réussir à trancher, entre la thèse d’une démocratisation de la connaissance et celle d’une dévalorisation du savoir.En France,Pierre Assouline, journaliste et écrivain, est un des plus virulents critiques du site.Cinq de ses étudiants à Sciences-Po ont publié un livre, la Révolution Wikipédia, en novembre2007 (Mille et une nuits).Ils pointent nombre de failles de l’“encyclopédie libre”. «L’outil n’est pas fiable : c’est le dernier qui a parlé qui a raison », affirme Pierre Assouline. Wikipédia, combien d’erreurs par article ? En novembre 2005, la revue britannique Nature a comparé la fiabilité de Wikipédia et celle de l’encyclopédie Britannica.Conclusion : sur 42 thèmes, la revue a compté 123 erreurs ou omissions dans l’encyclopédie papier et 162 sur le site Internet. Les uns y voient une preuve de qualité de Wikipédia,les autres contestent la méthode et l’interprétation des résultats.«Le fait que les responsables du site cherchent à mettre en place un label “article de qualité” montre bien que la question reste cruciale », note Delphine Soulas,l’un des auteurs de la Révolution Wikipédia. Pour leur enquête, les étudiants avaient volontairement introduit quelques erreurs sur des notices, et notamment sur celle de Pierre Assouline, lui attribuant la qualité de “champion de France du jeu de paume”. Pierre Assouline raconte dans la préface : « Quelle ne fut pas ma surprise au cours de l’été 2007 de la retrouver mentionnée à la fin de ma notice biographique dans le très sérieux programme du festival de musique classique de Verbier, où je prononçais une conférence. »

Pour des Wikipédiens, introduire volontairement une erreur relève du vandalisme et l’argument n’est donc pas recevable.Mais l’exemple montre que l’erreur,même corrigée,laisse des traces. Et même s’ils sont promptement effacés, la logique participative du site se prête aux canulars,comme celui qui,le 18 avril,a annoncé frauduleusement le décès du journaliste Philippe Manoeuvre. Plus surprenant encore : les fondateurs de l’outil en usent eux-mêmes de manière douteuse.Dernier exemple en date : Jimmy Wales aurait annoncé,sur le site, la rupture de sa liaison avec une jeune journaliste,Rachel Marsden,qui aurait ainsi appris sa disgrâce sur Internet.

Il arrive que des enjeux plus lourds interviennent. En août 2007, un étudiant américain a mis en place le WikiScanner, qui permet d’identifier les auteurs de modifications sur les articles. On put ainsi se rendre compte que les passages les plus critiques sur Amnesty International ou de grands groupes industriels avaient été supprimés ou modifiés depuis des ordinateurs se situant précisément dans les bureaux de ces organisations. Les politiques ne se privent pas : Wikipédia a décidé en janvier 2007 de bloquer temporairement les ordinateurs de la Mairie de Paris,tant les “clics” municipaux modifiaient les pages concernant Bertrand Delanoë ou Françoise de Panafieu. À l’article “Éric Zemmour”, le lecteur et contributeur était jusqu’à récemment averti :«Cet article a subi récemment une guerre d’édition au cours de laquelle plusieurs contributeurs ont mutuellement annulé leurs modifications respectives. Ce comportement non collaboratif est proscrit par la règle dite des trois révocations. En cas de désaccord, un consensus sur la page de discussion doit être obtenu avant toute modification.» Ce qui tranche, donc, c’est le consensus né d’un débat, rien n’attestant que le détenteur du dernier mot est celui qui a autorité et connaissance pour décider.

Sur ces fameuses pages de discussion liées à chaque article, tout peut être débattu, la forme comme le fond. Si certains échanges rassurent par leur tentative réelle de chercher la vérité ou même simplement une certaine neutralité, d’autres laissent dubitatifs quant aux capacités des intervenants à constituer une notice sur tel ou tel sujet.À “Opus Dei”, les discussions sont abondantes. Un participant s’inquiète d’un parti pris “pro-Opus Dei” et cite à l’appui de sa démonstration le Monde diplomatique et le Réseau Voltaire, connu pour son anticléricalisme tranché,avant de conclure : « Je n’ai pas lu tous ces articles en détail, c’est juste pour montrer qu’il y a des avis bien différents de ceux présentés dans cet article.»Au-delà de l’avis qu’on porte sur cette organisation religieuse,le mode de fonctionnement est révélateur :survol et intervention immédiate grâce au “clic”facile et sans risque ; citations de sources considérées comme plus objectives que d’autres simplement parce qu’elles reflètent une opinion généralement admise. Après tout, ce n’est pas plus grave que sur n’importe quel forum, si ce n’est que ce lecteur émotif peut aussi cliquer sur “modifier”pour apporter sa pierre à l’édifice et que la note sera sans doute consultée par beaucoup comme une notice d’encyclopédie fiable et documentée.

Cependant, pour Florence Devouard, cet enjeu de fiabilité «n’est un vrai souci que pour les articles qui sont peu modifiés parce qu’ils attirent peu d’utilisateurs. Plus un article est consulté, plus il est corrigé, plus il devient fiable ». C’est bien le nombre et non la qualité des contributeurs qui, à ses yeux, font la valeur d’un article. Il est vrai par ailleurs que le site met en place des signalements, qui avertissent lorsque les sources sont insuffisantes, lorsque le parti pris est trop évident ou la note simplement ébauchée,mais rien ne dit combien de jeunes lecteurs tiennent compte de ces avertissements.Et il faut du courage pour remettre en français un long article hâtivement traduit de l’anglais,comme celui consacré à Anne Boleyn, où l’on trouvait quasiment à toutes les lignes des perles telles que : « Les historiens se débattent toujours pour trouver la véritable raison de sa chute du trône anglais. »

Une encyclopédie qui récuse le principe même de toute hiérarchie

David Monniaux, chercheur au CNRS,membre du conseil d’administration de Wikimédia France, ajoute : « Les encyclopédies classiques n’ont pas les mêmes difficultés, puisqu’elles se penchent sur le champ de la connaissance universitaire, donc relativement ancienne.Sur Wikipédia, on trouve aussi le présent, qui se prête davantage à l’erreur d’interprétation, aux débats, aux divergences d’opinion. » Le débat sur la fiabilité masque donc une autre question, qui touche aux principes mêmes du projet : peut-on, sans expertise et sans recul historique, produire un savoir sur Charlemagne et la Star Academy, la fission nucléaire et la chirurgie réfractive ? La Révolution Wikipédia cite Alain Rey : « Étymologiquement,“ encyclopédie” signifie “faire entrer dans le cercle de la pédagogie”. […] Tous les efforts des encyclopédistes depuis l’Antiquité visent à classer, à hiérarchiser le savoir »,donc à ne pas placer toutes les informations et tous les contributeurs sur un pied d’égalité.

C’est bien dans la constitution et la transmission des savoirs que Wikipédia introduit une révolution. Enseignants et documentalistes s’en inquiètent :«La jeune génération a naturellement du mal à accepter qu’il y ait une hiérarchie dans le domaine culturel, constate Olivier Fressard,conservateur à la bibliothèque universitaire de Vincennes-Saint-Denis. En politique, j’approuve l’idée de démocratie participative. Mais la culture ne peut échapper à un principe aristocratique : il y a des talents plus grands que d’autres, des expertises plus valables que d’autres.Or Wikipédia gomme toute hiérarchie, efface le recul temporel qui permet de savoir ce qui s’élève au rang d’oeuvre d’art. » Pour Joël Jégouzo, documentaliste dans un collège-lycée à Paris, Wikipédia induit des structures de pensée qui ne permettent pas de former des têtes bien faites : « Il faut élever l’enfant au-dessus de ses pensées les plus immédiates, or cet outil enferme justement dans l’immédiateté. C’est comme le Café du Commerce : ce n’est pas un lieu d’instruction.Une pensée, pour se construire, doit se déployer en rencontrant des obstacles. Sinon, elle ne peut pas mûrir. Sur ce site, la vérité apparaît sous les traits de l’opinion, la dernière émise, discutable selon des modalités et des critères qui satisfont l’affectivité. C’est une construction émotionnelle de l’espace intellectuel».

Interdire ? Faire avec ? «Au collège, je l’autorise en l’encadrant, parce que les élèves sont au stade où ils apprennent la pensée des autres,mais,au lycée, les élèves doivent apprendre à penser, donc je l’interdis »,explique Joël Jégouzo.Philippe Edmond,professeur d’histoire-géographie en Île-de-France, l’autorise pour certaines recherches, mais il apprend d’abord à ses élèves «à croiser leurs sources », conscient qu’« une utilisation correcte de ce type d’outil demande un esprit structuré ». Le risque, sinon, est connu :c’est celui du copier-coller intégral de pages Internet grâce auxquelles l’exposé sur les Mérovingiens est bouclé en quelques minutes. C’est la victoire du rapide et de l’immédiat sur l’éducation mûrie par la réflexion.

Florence Devouard regrette ces multiples interrogations sur Wikipédia : « Nous n’avons pas les mêmes critiques ailleurs qu’en France. L’enjeu dépasse largement ces questions. » En effet,les ambitions du projet s’étendent aux limites du monde : « Presque tous les Français peuvent accéder à l’information. En Zambie, par exemple, les habitants ont moins de chance.Dans le village, il y a un téléphone cellulaire pour cent personnes, quelques postes radio. C’est leur seul lien avec la civilisation. Ils ont une langue sans culture encyclopédique. » Les Zambiens n’ont pas de culture encyclopédique ? Wikipédia veut combler le manque : « Il faut pouvoir créer un compendium qui n’émane pas de quelques cultures dominantes au niveau mondial. » Quelques obstacles risquent pourtant de freiner cet élan universaliste d’un nouveau type, dont la technologie, finalement, est le seul fondement. Une pétition circule sur Internet ; elle appelle à la suppression des images de Mahomet visibles sur Wikipédia, qui heurtent certaines sensibilités musulmanes?

http://www.valeursactuelles.com/public/valeurs-actuelles/html/fr/articles.php?article_id=2433

Larousse dans la bataille des encyclopédies en ligne

Laurent Suply (lefigaro.fr)
13/05/2008

Le grand dictionnaire francophone se défend de vouloir concurrencer la célèbre Wikipédia, avec un modèle qui met en valeur les contributeurs.

Le succès de Wikipédia, l’un des dix sites internet les plus consultés au monde, fait des envieux. Larousse, l’éditeur du célèbre dictionnaire français, s’est lancé mardi dans la bataille des encyclopédies collaboratives. Sur larousse.fr, les internautes peuvent désormais consulter gratuitement une sélection de 150.000 articles Larousse, mais aussi créer leurs propres articles sur les sujets qui les passionnent.

Mais la ressemblance avec Wikipédia s’arrête là. Celle-ci met en avant l’intelligence collective et prône la neutralité par la correction perpétuelle ? Larousse choisit au contraire de miser sur deux autres atouts : un label de confiance centenaire et la mise en avant d’internautes « experts » clairement identifiés.

Pour chaque mot-clé recherché, Larousse.fr propose en effet des articles issus du grand dictionnaire. « Gravés dans le marbre », ils ne peuvent être ni modifiés, ni notés. Ils ont vocation à devenir des points de référence pour les sujets les plus polémiques qui génèreront beaucoup de contributions d’internautes. Là où les thématiques les plus polémiques (la Shoah, le conflit israélo-palestinien, le réchauffement climatique) dégénèrent parfois sur Wikipédia en véritables guerres où les modifications s’empilent, Larousse compte organiser une multiplicité des points de vue et de rebonds autour d’un article de référence.

Tous les internautes pourront donc écrire sur la Shoah, avec pour seules limites celles qu’impose la loi française. « L’objectivité, je n’y croie pas, souligne à titre personnel Vivien Chantepie, responsable marketing du multimédia chez Larousse. Dès lors qu’on écrit, on a un point de vue. L’essentiel est que ce point de vue soit signé, identifiable ».

Flatter l’ego des internautes

Et c’est là la deuxième différence : Wikipédia joue la carte de la collaboration, avec des articles qui ont pu être coécrits par 1.000 personnes. La philosophie du projet Larousse se résume au contraire en une phrase : « un article = un auteur ».

Après s’être inscrit sur le site, l’internaute peut en effet créer des articles sur les sujets de son choix, et mettre en place une vitrine personnelle avec son CV, sa photo ou un lien vers son blog. Ses lecteurs pourront noter ses créations ou les commenter, à la manière d’un blog. Mais pas question d’en modifier le corps. « L’article reste la propriété de l’auteur, explique Vivien Chantepie. Les experts préfèrent que leurs articles ne soient pas perpétuellement modifiés par des anonymes comme sur Wikipédia. » Larousse chatouille enfin l’ego des internautes. Pour faire émerger de réels « experts », le site compte sur un système de notation de contributions, qui fait remonter les auteurs les plus populaires à la « une » de l’encyclopédie. Et n’exclue pas de dénicher ainsi des nouveaux contributeurs pour sa version papier.

Modèle économique flou

« On ne veut pas refaire Wikipédia, d’autant plus qu’ils le font déjà très bien », souligne Vivien Chantepie quand on lui demande s’il s’agit d’aller concurrencer le mastodonte encyclopédique sur son terrain. Chez Larousse, on estime d’ailleurs que les deux modèles sont « complémentaires », et qu’il est impossible de savoir lequel est le meilleur.

En réalité, cette nouvelle encyclopédie signée Larousse est plus proche d’un projet de Google baptisé Knol que de Wikipedia. Le moteur de recherche a en effet annoncé en décembre dernier sa propre encyclopédie collaborative, qui devrait être lancée courant 2008. L’objectif est le même que chez Larousse : attirer les plumes et les experts en les mettant sur le devant de la scène, plutôt que dans l’ombre, comme le fait Wikipédia.

Restait à régler la question du modèle économique de ce projet. Les millions de pages de Wikipédia représentent autant de revenus potentiels en publicité. Une audience que les acteurs de la pub en ligne regardent d’un œil avide, mais que Wikimedia, la fondation à but non lucratif qui soutient Wikipédia a toujours refusé de monétiser, préférant un système de dons. A ce sujet, Larousse.fr « ne se ferme rien ». Aucune pub sur ses pages pour l’heure. Mais ses concepteurs attendent de voir comment le site évolue. Pourraient donc bientôt y apparaître des pubs, mais aussi des contenus payants, où d’autres « sponsorisés ». Autant de possibilités qui feraient bondir au plafond tous les Wikipédiens.

http://www.lefigaro.fr/hightech/2008/05/13/01007-20080513ARTFIG00426-larousse-dans-la-bataille-des-encyclopedies-en-ligne.php

Qui sème dans le vent récolte… rien du tout

La famine, la disette, c’est ce qui va arriver à Larousse et à sa semeuse si rien n’est fait rapidement... L’éditeur du célèbre dico vient de lancer une encyclopédie en ligne, plus proche du projet Knol de Google que de Wikipédia. A titre personnel, je me félicite toujours de l’arrivée d’une nouvelle source de savoir (mixte dans ce cas, puisque l’UGC est associé à la traditionnelle base Larousse).

Mais visiblement, les concepteurs ont oublié leurs fondamentaux, comme dirait Bernard Laporte. Je suis loin d’être un expert ès webdesign, mais je sais qu’une page vers laquelle on ne peut pas faire de lien est une page morte. Or, c’est le cas de tous les articles de cette encyclopédie, comme j’ai pu m’en rendre compte durant la rédaction du papier publié aujourd’hui sur lefigaro.fr. Une bonne partie du succès de Wikipédia vient du fait que les internautes font des liens vers ses notices plutôt que de s’escrimer à expliquer une notion complexe. Ici, la seule façon de faire un lien direct vers une contribution déterminée est de passer par sa version imprimable.

Autre répercussion : le référencement (vous savez, ce qui fait qu’une page Wikipédia arrive souvent en première position des résultats de recherche de Google parce que de nombreux liens pointent vers elle). Je laisse aux spécialistes le soin d’expliquer plus en détail le pourquoi du comment, mais on peut parier que les résultats Larousse ne sont pas prêts d’arriver au premier rang, ni même sur la première page.

Chez Larousse, on me répond, un peu embarrassé, que la possibilité de faire un lien direct stable arrivera avec le deuxième volet du projet, centré sur les communautés, en fin d’année. Soit. Sauf qu’il aurait fallu y penser avant de mettre de jolies bulles dans la barre de navigation et des dégradés translucides 2.0. Le théorème Géoportail a encore frappé... Les maladresses techniques des sites web français sont exactement propotionnelles à leurs ambitions. Ceci étant dit, que cela ne vous empêche pas d’aller faire un tour sur larousse.fr pour tester ce nouvel outil.

http://blog.lefigaro.fr/hightech/2008/05/qui-seme-dans-le-vent-recolte.html

Larousse s’ouvre au Net

LEMONDE.FR | 13.05.08 | 20h32 • Mis à jour le 13.05.08 | 21h03

rofitant de l’avènement des sites participatifs et contributifs, Larousse a décidé de lancer, mardi 13 mai, "la première encyclopédie contributive" sur la Toile (www.larousse.fr), qui mêle gratuitement le contenu du dictionnaire encyclopédique et des contributions d’internautes, après validation.

L’encyclopédie francophone ouvre avec déjà 150 000 articles et près de 10 000 photos ou dessins. Tous ces éléments seront clairement identifiés comme source "sûre". Dans l’espace réservé aux contributeurs, Larousse mise à la fois sur la confiance acquise par la maison centenaire mais aussi sur la promotion d’internautes réputés "experts".

Line Karoubi, directrice adjointe du département dictionnaires et encyclopédies, précise que les internautes "sont de plus en plus habitués à ce foisonnement, à faire la différence entre un article de référence et un point de vue", faisant clairement référence à l’encyclopédie participative gratuite Wikipédia.

GOOGLE LANCE SON ENCYCLOPÉDIE

Chaque article de l’espace contributeurs n’aura qu’un seul auteur. Ce dernier, une fois inscrit et validé sur le site, pourra écrire sur ses sujets de prédilection, faire sa promotion via une page vitrine ou l’on pourra consulter son CV, son blog, sa photo ou encore noter et commenter ses contributions, qui resteront non modifiables par les autres internautes. Il devient donc un auteur de l’encyclopédie à part entière, mais avec pour seule rémunération la gloire d’appartenir à la communauté des encyclopédistes Larousse.

Cette concurrence de Wikipédia, l’un des dix sites les plus consultés sur le Net, se fait de plus en plus rude pour les dictionnaires et encyclopédies traditionnelles sur papier ou CD-ROM. Mais la concurrence vient aussi des acteurs d’Internet, et notamment de Google, qui a décidé il y a quelques mois de lancer l’encyclopédie Knol, abréviation de "knowledge", une encyclopédie "vérifiée" ou chaque auteur d’article est identifié, connu et même rémunéré par la publicité présente sur ses pages.

Car c’est bien là qu’est le cœur du problème : allier exhaustivité, rigueur et fiabilité. Larousse, en proposant dès le lancement une importante quantité d’articles vérifiés, en ne fermant pas la porte à une éventuelle rémunération par la publicité de ses contributeurs et en déployant son site avant le lancement du Knol de Google espère ainsi attirer les contributions de qualité. Et, à terme, s’imposer dans la bataille des encyclopédies en ligne.

Olivier Dumons, avec AFP

http://www.lemonde.fr/technologies/article/2008/05/13/larousse-s-ouvre-au-net_1044523_651865.html#ens_id=1044536